Bleues: vents contraires avec cap sur l'Euro
La continuité et la cohésion de groupe, boussoles de la sélectionneuse Corinne Diacre, sont mises à l'épreuve pour la reprise des Bleues, mercredi (21h10) contre la Finlande, avec le retour controversé de Kheira Hamraoui à l'approche de l'Euro.
A cinq mois du Championnat d'Europe, prévu du 6 au 31 juillet en Angleterre, les tricolores entament leur année 2022 par un passage au Havre, première des trois escales que le Tournoi de France (amical) leur offre en Normandie, avec le Brésil et les Pays-Bas.
Les résultats sportifs seront certes scrutés, notamment face aux championnes d'Europe et vice-championnes du monde néerlandaises, mais la réintégration de Hamraoui sera un des enjeux du stage de rentrée.
"C'est vrai qu'il y a des problèmes, ce n'est pas le seul, par le passé aussi" il y en a eus, a avoué la capitaine Wendie Renard, mardi devant la presse. Mais "pour l'instant ça se passe bien, il n'y a pas de quoi s'alarmer", a ajouté la Lyonnaise, exhortant ses partenaires à aller "toutes dans la même direction".
Depuis la Coupe du monde 2019, les choix forts opérés par Corinne Diacre répondaient à une logique visant à régénérer le groupe France en écartant sportivement les expérimentées Gaëtane Thiney, Amandine Henry ou plus récemment Eugénie Le Sommer, pour faire de la place aux plus jeunes.
- Incendies éteints -
Ce virage stratégique s'est fait au prix de nombreuses turbulences, médiatiques et internes, mais le bilan sportif a été globalement positif et la sélectionneuse a tenu bon, avec le soutien de son président Noël Le Graët.
"Il y a eu des difficultés avec certaines anciennes qui ont arrêté, ou que Corinne a fait arrêter. Aujourd'hui c'est un autre groupe, plus jeune, mais qui joue de façon remarquable", a ainsi relevé le patron de la Fédération française de football en novembre auprès de l'AFP.
En début de saison, Diacre a su mettre de l'eau dans son vin en confiant le brassard de capitaine à Renard -- à qui elle l'avait retiré au début de son mandat --, une décision prise par le staff au nom de "l'intérêt général". Ce geste d'ouverture a été accueilli avec enthousiasme par l'équipe, apparue souriante et détendue durant le dernier rassemblement.
Le rappel de Hamraoui (32 ans), près de trois ans après sa 36e et dernière sélection, interpelle dans la mesure où la milieu du Paris SG entretient des relations fraîches avec certaines coéquipières, comme Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, qui lui reprochent d'avoir soupçonné leur partenaire Aminata Diallo et leur entourage après son agression début novembre.
Est-il de nature à rallumer des braises dans un vestiaire apaisé ?
"Les joueuses qui composent l'équipe de France sont professionnelles", avait répondu la sélectionneuse jeudi, les appelant à faire preuve "d'humilité et de cohésion". "Il n'y a pas de sujet à propos de Kheira Hamraoui", a-t-elle coupé mardi, en insistant: "Le sujet au quotidien, c'est l'équipe de France".
- "Arme" supplémentaire -
Le risque est cependant réel, comme Diacre elle-même l'avait souligné au mois d'octobre avant que la Parisienne, finalement forfait sur blessure, ne soit contrainte de différer son retour en équipe nationale.
"On sera attentif à sa vie dans le groupe, car il faut ce mélange entre performances sur le terrain et bon état d'esprit dans la vie de groupe. Quand on vit ensemble pendant douze jours durant un rassemblement, ou sur une grande compétition comme à l'Euro, il faut que tout le monde s'entende bien", avait pointé la technicienne.
La semaine dernière, l'ancienne capitaine des Bleues a légèrement inversé l'ordre de ses priorités en conférence de presse. "Ce qui me guide, c'est l'état d'esprit du groupe France mais aussi les performances des joueuses sur le terrain."
L'apport potentiel de Hamraoui dans l'équipe, il est vrai, ne souffre d'aucune contestation au sein d'un milieu de terrain tricolore habituellement quadrillé par Grace Geyoro (PSG), Charlotte Bilbault (Bordeaux) et Sandie Toletti (Levante, en Espagne).
L'ancienne Barcelonaise, titrée en Ligue des champions en mai dernier, offre un profil athlétique et technique rare, une "arme" supplémentaire en vue de l'Euro, selon Diacre.
Reste à voir comment le vestiaire digèrera ce retour si particulier.
(H.Schneide--BBZ)