Cyclisme: Jhonatan Narvaez, la nouvelle arme de Pogacar
Recrue phare d'UAE, l'Equatorien Jhonatan Narvaez a frappé fort dès sa première course sous ses nouvelles couleurs en remportant le Tour Down Under dimanche en Australie. Ca tombe bien car Tadej Pogacar compte sur lui cette saison.
A 27 ans, il n'est pas le coureur le plus connu du peloton ni même de son pays, dont Richard Carapaz reste la tête de gondole. Mais il est considéré comme l'un des transferts les plus brûlants de l'intersaison en dégageant le sentiment que cette année pourrait être celle de son affirmation au plus haut niveau.
"C'est un coureur agressif avec beaucoup d'expérience qui sait à la fois travailler pour les autres et gagner des courses", a insisté le manager d'UAE Mauro Gianetti au moment de tendre le stylo à l'Equatorien pour signer un contrat de deux ans.
Coureur très complet, puissant, rapide, tout en passant bien les bosses, Narvaez a le profil parfait pour devenir le poisson-pilote privilégié de Pogacar. Notamment sur Milan-Sanremo fin mars, où la superstar slovène compte énormément sur le champion d'Equateur pour lui ouvrir le chemin d'une première victoire dans la Primavera.
- Né à 3.000 m d'altitude -
Pogacar a pu mesurer le punch et la ténacité de son nouveau coéquipier lors du dernier Giro, en mai 2024, lorsqu'il a tenté à trois reprises de décrocher l'Equatorien, alors encore chez Ineos, dans le final de la première étape. Narvaez a réussi à s'accrocher à chaque fois, voyant "les étoiles" dans la roue du Slovène tellement l'effort était violent, avant de coiffer "Pogi" au sprint pour endosser le maillot rose.
"C'était dingue de réussir à suivre l'homme le plus fort du peloton et de gagner", avait commenté le Sud-Américain qui avait déjà levé les bras sur le Giro en 2020 en pleine crise du Covid.
Depuis, il s'est forgé une sérieuse réputation (13 victoires au total) mais sans frapper le grand coup d'éclat susceptible de l'exposer aux yeux de tous, desservi aussi par un caractère assez discret.
"Jhony est un énorme talent mais manque parfois de confiance en lui. J'espère que cette victoire va lui donner la confiance de croire en son potentiel", souligne Fabio Baldato, directeur sportif d'UAE sur le Tour Down Under, où Narvaez s'est vengé dimanche en s'imposant avec neuf secondes d'avance sur l'Espagnol Javier Romo après avoir terminé deuxième en 2024 avec le même écart.
Narvaez "rêve depuis tout petit" de devenir un champion cycliste, suivant son grand frère sur un vélo dès l'âge de quatre ans à El Playon de San Francisco, son village natal, perché à 3.000 mètres d'altitude, à quinze minutes de voiture de la frontière colombienne.
- Classiques -
Le cadet d'une fratrie de cinq y affûte ses mollets en grimpant une côte de cinq kilomètres à 6% de moyenne pour rentrer à la maison. Mais, contrairement à la plupart des coureurs du coin, il n'est pas un grimpeur, plutôt un profil polyvalent capable de briller notamment dans les classiques flamandes.
S'il termine bon dernier sa première course, disputée sous une pluie battante, il révèle rapidement ses qualités. Il découvre l'Europe en 2017 dans la structure continentale (3e division) Axeon-Hagens Berman, puis signe l'année suivante son premier contrat pro avec Quick-Step, repéré par Joxean Matxin, son directeur sportif aujourd'hui à UAE, qui était à l'époque recruteur pour l'équipe de Patrick Lefevere.
Pas refroidi par les conditions climatiques en Belgique – "à la maison en Equateur il faisait entre 10 et 12 degrés, pas plus", dira-t-il – il rejoint ensuite la formation Ineos où il passe six saisons avant de rejoindre UAE pour s'imposer d'entrée.
"Cette victoire signifie énormément pour moi, a-t-il dit dimanche. Commencer la saison ainsi avec ma nouvelle équipe, je ne pouvais pas rêver mieux."
(K.Lee--TAG)