Biathlon: trois ans après, Jacquelin renoue avec la victoire
"L'impression que c'était une autre vie" : Emilien Jacquelin a signé sa première victoire individuelle depuis trois ans en dominant le sprint de 10 km de l'étape d'ouverture de la Coupe du monde de biathlon, avec un 10 sur 10 au tir, vendredi à Kontiolahti (Finlande).
Pour trouver trace du double champion du monde de poursuite (2020 et 2021) sur la plus haute marche d'un podium individuel sur le circuit mondial, il fallait remonter à décembre 2021 au Grand-Bornand, en mass start.
A 29 ans, il s'agit de la quatrième victoire de sa carrière, sa première en sprint.
Dans la nuit finlandaise, Jacquelin, à la fois rapide sur les skis - dans le rythme de Johannes Boe - et précis sur le pas de tir, a nettement devancé le Suédois Sebastian Samuelsson, repoussé à 18 sec 9/10e avec une cible manquée, et l'Allemand Philipp Nawrath, à 25 sec 1/10e malgré un sans-faute.
"Que ça arrive si tôt dans la saison, ça va me permettre d'avoir un peu plus de confiance. Je dois toujours garder cet engagement-là. Mais, au moins, c'est déjà une chose de coché", apprécie-t-il auprès de l'AFP.
"Ça fait trois ans. Ça me paraît une éternité, j'ai l'impression que c'était une autre vie", poursuit-il.
- "Flashback" -
Le Norvégien Johannes Boe, en quête d'un sixième gros globe de cristal en sept ans, s'est lui classé de justesse dans le top 5, à 51 sec, pénalisé par deux cibles manquées dès son tir couché.
"Quand je suis monté sur le podium, j'ai eu le flashback d'il y a trois ans au Grand-Bornand, avec le monde, avec ce que ça représentait pour moi, qui revenait d'une fracture au poignet, et beaucoup d'émotion, avec ma famille qui était présente", raconte Jacquelin.
"Et là, je me suis vu me dire que c'est plus gros encore parce que ça fait trois ans que ça n'allait plus, que ça a été des hauts et des bas, de la remise en question", résume-t-il.
"Aujourd'hui, je pense que cette passe négative est derrière moi, estimait-il auprès de l'AFP à quelques jours de la reprise. Je sens que j'ai faim, que tout va bien, je suis concentré. Au début de la saison dernière, je partais en me demandant si j'allais finir 10e, 30e ou 50e..."
Cette saison pré-olmypique, Jacquelin l'attaque fort d'une préparation estivale prometteuse, sans fausse note depuis le "jour 1" début mai.
- Fillon Maillet 30e -
"J'ai senti toujours une très bonne forme physique, sans coup de moins bien. Au tir, j'ai vraiment essayé de travailler ce calme qui me faisait défaut. Je pense avoir passé un cap sur la gestion des émotions et de l'engagement, énumérait-il. Je pense être un biathlète avec une palette beaucoup plus large, sur les skis comme sur le pas de tir."
Son sprint victorieux, considère-t-il vendredi, "confirme exactement ce que je disais : je peux faire des très grandes choses si je mets en place les choses que je me suis dictées. Aujourd'hui, c'est l'exemple. C'est hausser mon niveau d'exigence. Si je ne le fais pas, je vais dans le ventre mou. Je peux viser haut si je maintiens cette exigence-là."
Un autre Français s'est fait une place dans le top 10 de la deuxième course individuelle de l'hiver: Antonin Guigonnat, dixième à un peu plus d'une minute après un 9/10. Un top 10 dont il prive pour le plus petit écart, un dixième, un autre Tricolore: le jeune Éric Perrot, onzième avec une faute.
Trois cibles manquées, deux couché et une debout, ont relégué Quentin Fillon Maillet à la trentième place et en position de sixième et dernier Français, à plus d'une minute et demie de Jacquelin.
L'étape d'ouverture se poursuit avec un sprint féminin samedi, avant deux mass start en conclusion dimanche.
(N.Miller--TAG)