JO-2022: Fillon Maillet "pas là pour faire la fête" mais "pour récupérer des médailles"
"Je n'étais pas là pour faire la fête, j'étais là pour récupérer les médailles", a expliqué Quentin Fillon Maillet, dans un entretien accordé à l'AFP, revenant sur ses exploits aux Jeux olympiques de Pékin, avec cinq médailles dont deux titres.
"Il faudra un objectif fort pour tenir", a-t-il ajouté à propos des quatre prochaines années, qui pourraient l'emmener jusqu'aux JO-2026 en Italie, sur le site d'Anterselva pour les épreuves de biathlon.
Q: Entre toutes les sollicitations médiatiques ce samedi et surtout la journée sans course, ni entraînement, réalisez-vous l'exploit que vous avez réalisé ?
R: "C'est exactement ça. Ça a été compliqué de profiter durant les Jeux olympiques, parce que le froid engendre beaucoup de fatigue, et les résultats engendrent aussi beaucoup de sollicitations et une fatigue supplémentaire. La récupération a été beaucoup plus compliquée, notamment après l'individuel. Je n'ai pas spécialement profité des émotions des Jeux, mais c'était la façon dont je voulais aborder ces courses, rester vraiment dedans. Je n'étais pas là pour faire la fête, j'étais là pour récupérer des médailles."
Q: Comment avez-vous construit cette performance ?
R: "J'ai quand même bien maximisé mes chances de médailles. J'arrivais avec beaucoup plus d'armes pour ces Jeux olympiques. L'enchaînement des courses était pour moi très important, la récupération, rester dans le protocole que je suis en Coupe du monde, très loin de faire la fête et de profiter tous les soirs. C'était assez strict, que ce soit au niveau de la nutrition, du sommeil, essayer d'être le plus efficient sur les déplacements. Ça a été assez militaire, mais finalement les médailles sont là. J'ai pu profiter hier soir (vendredi) avec le staff, et je commence à sentir un peu l'ampleur des médailles, à lire un peu les plusieurs milliers de messages de félicitations que j'ai pu recevoir. Je pense que je prendrai encore toute l'ampleur de tout ça une fois rentré en France."
Q: Votre éclosion tardive et la quantité de travail abattue pour y parvenir sont-elles une source de fierté supplémentaire?
R: "Je pense avoir quand même certaines qualités génétiques transmises par mes parents pour en arriver là, mais je n'ai jamais eu les choses facilement. Quand je teste un sport, la première fois, c'est toujours laborieux et compliqué. Et puis, plus je pratique et plus j'arrive à comprendre le geste et à évoluer. (...) J'ai toujours espéré atteindre ce niveau et à chaque fin de saison, je fais le bilan, du bien, du mal, de ce que je peux faire évoluer. Les possibilités d'évolution sont infinies. Chaque année, je pousse le curseur toujours un peu plus loin, et la performance est là, elle n'a pas de limite. Je me dis que pour vivre un moment comme celui-ci, s'il faut travailler jour et nuit pendant un an, je travaillerais jour et nuit pendant un an. (...) Mon investissement doit être à 100%. Je dois finir un entraînement en ayant amélioré quelque chose, je n'y vais pas pour faire plaisir au coach."
Q: Personne n'est parvenu à réaliser une telle performance depuis un siècle, pas même Alain Bernard ou Laure Manaudou en natation, ou même Martin Fourcade en biathlon. Qu'est ce que ça vous inspire ?
R: "Le record de médailles, je ne me le représente pas trop. Quand j'ai vécu les performances d'autres Français, ça me paraissait tellement monstrueux et injouable de le faire moi-même. Je n'ai jamais imaginé pouvoir ramener cinq médailles des Jeux olympiques. C'était impensable. Et là, d'être comparé à des sportifs comme eux, c'est extraordinaire."
Q: Comment avez vous géré l'enchaînement de courses, six en l'espace de treize jours ?
R: "Le circuit en Coupe du monde est presque plus dense que ce que l'on a vécu ici, mais les sollicitations extra, les déplacements au stade un peu plus compliqués que d'habitude, le froid, ça a engendré plus de fatigue. L'enchaînement n'a pas été facile. Mais j'ai été surpris d'être en mesure, mentalement ou physiquement, de pouvoir jouer les médailles à chaque course. Même sur la mass-start, je joue la médaille sur le dernier tir. Et là-dessus, je suis super fier, parce que la rigueur pendant ces Jeux olympiques a vraiment payé. Il y a eu beaucoup de fatigue. Pour donner un exemple, les derniers jours, c'était entre 12 et 13 heures de sommeil par jour pour tenter de récupérer avec l'enchaînement des courses et le froid. J'ai été surpris, parce que depuis le début de saison, j'ai enchaîné des super performances, mais pas autant que ça. Je remercie mes coéquipiers sur les relais qui m'ont aidé à aller chercher des médailles, merci à toute l'équipe qui a été là."
Q: Vous projetez-vous déjà dans quatre ans ?
R: "J'y réfléchis un petit peu, mais pour le moment je n'ai pas encore établi de stratégie. Je vois encore beaucoup de possibilités d'évolution et aller encore plus loin que tout ça. La motivation, je pense que je l'aurai toujours. Mais il faudra un objectif fort pour tenir, parce que là j'en ai déjà cochés pas mal et j'espère aller en cocher encore un autre, un de mes gros objectifs de carrière qui est le globe de cristal pour la fin de saison."
Propos recueillis par Clément VARANGES et Thomas BACH
(P.Werner--BBZ)