Larmes et cris de joie à Tel-Aviv pour la libération de quatre otages israéliennes
Un cri parcourt la foule réunie sur la "place des otages" à Tel-Aviv. Des écrans géants retransmettent en direct la libération de quatre soldates israéliennes, otages dans la bande de Gaza, et échangées contre des prisonniers palestiniens.
Des centaines de personnes sont arrivées tôt samedi matin, certains portant des tee-shirts jaunes fluo barrés de la phrase "Vous n'êtes pas seuls" écrite en hébreu.
Des écrans géants ont été installés comme la semaine dernière, lors de la première libération d'otages, en ce lieu devenu au cours des 15 derniers mois un point de rassemblement.
"Je suis ici depuis un an et demi, j'accompagnais la famille de Noa Argamani (jeune otage libérée en 2024 par l'armée israélienne, NDLR) et elle est revenue", dit Sima Ben Naïm, 70 ans. "Ils reviendront tous, jusqu'au dernier."
Une marée de regards inquiets a longtemps fixé les écrans montrant le convoi du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) arrivant sur la place de la Palestine, dans la ville de Gaza.
Dès que les silhouettes des jeunes femmes apparaissent, des cris de joie fusent.
Au premier rang des femmes s'exclament: "Am Israël Hai" ("que vive le peuple d'Israël", en hébreu), une expression très utilisée faisant écho à la résilience du peuple juif.
Deux femmes âgées se prennent dans les bras, en fermant les yeux au milieu de la foule, tandis qu'un groupe de jeunes fond en larmes.
"J'ai failli m'évanouir, mon mari a dû me tenir dans ses bras, je n'ai plus de voix", raconte Hana Mamalia venue de Ramat Hasharon, en banlieue de Tel-Aviv.
- "Submergé -
Une femme portant un portrait de Naama Levy, une des quatre jeunes soldates qui effectuaient leur service militaire près de la bande de Gaza lors de leur enlèvement pleure en souriant.
Dans ses bras, la photo de Naama Levy, avec son âge au moment de l'attaque, 19 ans, rayé et corrigé. Elle a eu 20 ans en captivité.
Les chaînes de télévision israéliennes suivent en direct tout le retour des quatre otages en Israël, leur prise en charge par l'armée, et enfin les retrouvailles avec leurs proches après 477 jours de captivité.
Les acclamations reprennent lorsque le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée, apparaît sur les écrans pour annoncer leur sortie du territoire palestinien.
Shlomi Ben Yakar se dit "submergé" par les émotions.
"C'était dur de continuer à croire que ce moment arriverait, ça semblait foutu", poursuit-il, "j'ai des critiques à formuler sur beaucoup de choses (concernant la gestion de la question des otages, NDLR), mais là, tout de suite, c'est juste un moment d'enthousiasme et de bonheur".
Le 7 octobre 2023, 251 personnes avaient été prises en otage. Certains ont été libérés lors d'une première trêve en novembre 2023, d'autres par des opérations militaires israélienne, vivants ou morts.
L'accord de cessez-le-feu signé entre Israël et le Hamas et entré en vigueur le 19 janvier dernier prévoit la libération, durant les six premières semaines, de 33 otages en échange de prisonniers palestiniens incarcérés par Israël.
- "Tous" -
"Ramenez-les à la maison, maintenant!" lance un groupe de femmes, reprenant le slogan du Forum des familles, la principale association des proches d'otages en Israël.
"Ramenez-les à la maison maintenant, tous!", ajoutent certains dans la foule, déclenchant des vagues d'applaudissements.
Mais sous pression de l'extrême droite, une partie du gouvernement de Benjamin Netanyahu veut reprendre les combats à l'issue de la première phase de l'accord, ce qui condamnerait probablement les derniers otages.
Quelques heures plus tard, des milliers de personnes se sont à nouveau rassemblées sur la "place des otages" et dans plusieurs quartiers de Tel-Aviv, scandant des slogans exigeant le retour de tous les captifs.
"Nous ferons tout, nous nous battrons jusqu'au bout, jusqu'au retour du dernier otage", lance Ifat Kaderon, dont le cousin Ofer est toujours captif à Gaza.
"Nos coeurs sont emplis de joie pour les quatre otages (...) mais nous sommes profondément inquiets pour nos proches toujours retenus en captivité par des terroristes", ajoute Efrat Machikava, nièce de Gadi Mozes, également otage.
(K.Lee--TAG)