La Russie et l'Ukraine échangent des frappes de drones et de missiles en pleine escalade
La Russie et l'Ukraine ont échangé lundi des frappes de drones et de missiles, en pleine escalade des tensions du fait des menaces de Vladimir Poutine contre l'Occident et de l'usage d'une arme balistique russe de dernière génération en territoire ukrainien.
Moscou a ainsi affirmé lundi avoir abattu huit missiles venant d'Ukraine, ainsi que des bombes aériennes de fabrication américaine.
"La défense aérienne a abattu huit missiles balistiques, six bombes aériennes guidées JDAM de fabrication américaine ainsi que 45 drones", a indiqué le ministère russe de la Défense, qui n'apporte aucune précision sur le type de missiles, ni sur les cibles.
Mais la Russie a frappé la semaine dernière l'Ukraine avec un missile balistique de portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km) de dernière génération sans charge nucléaire, le Orechnik, et promis de multiplier ce type d'attaques si Kiev continuait d'utiliser des missiles occidentaux contre le territoire russe.
Le président Vladimir Poutine, qui a ordonné l'invasion de l'Ukraine il y a près de trois ans, a également menacé de frapper les pays fournissant de telles armes aux Ukrainiens, estimant que le conflit avait pris un "caractère mondial" par leur faute.
Divers responsables russes, dont le président, ont aussi évoqué le recours possible à l'arme nucléaire, après que Kiev a frappé des cibles militaires en territoire russe avec des ATACMS américains et des Storm Shadow britanniques, des missiles d'une portée de quelques centaines de kilomètres. La doctrine russe en la matière a d'ailleurs été amendée pour faciliter l'utilisation de bombes atomiques.
De son côté, l'Ukraine, qui appelle les Occidentaux à une réponse forte contre la Russie, a dit dans la matinée de lundi avoir frappé plusieurs cibles militaires en territoire russe, sans préciser quels armements avaient été utilisés.
Un civil a été tué dans la région russe de Belgorod, selon les autorités, dans une attaque de drone ukrainien.
Des drones explosifs ukrainiens ont aussi frappé dans la nuit un dépôt de carburant dans la région russe de Kalouga, selon une source au sein du renseignement militaire qui revendique des "destructions" importantes.
Le gouverneur russe de cette région située au sud de Moscou s'est borné à dire que la défense aérienne avait abattu huit drones dans la banlieue de la ville de Kalouga et que la "chute de débris" de ces appareils avait provoqué un incendie, maîtrisé en quelques heures, sur le site d'une "entreprise industrielle".
- Villes ukrainiennes frappées -
Par ailleurs, de nouvelles attaques russes contre des zones urbaines ukrainiennes ont fait des dizaines de blessés lundi, notamment dans les centre-villes de Kharkiv (nord-est) et Odessa (sud).
A Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, pilonnée par l'armée russe depuis le début de son invasion il y a bientôt trois ans, 23 personnes ont été blessés dont 14 hospitalisées lors d'une attaque matinale, qui a endommagé "plus de 40 immeubles", selon le dernier bilan annoncé par le gouverneur régional.
A Odessa, ville portuaire de la mer Noire, au moins onze personnes ont été blessées dans une frappe de missiles, selon l'administration régionale.
Les deux camps sont déterminés à montrer leurs forces et se positionner alors qu'une profonde incertitude pèse sur la poursuite du soutien américain à l'Ukraine, avec le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier.
Se disant inquiète de "l'escalade", l'équipe du prochain président américain va travailler avec l'administration du président sortant Joe Biden pour parvenir à un "arrangement" entre l'Ukraine et la Russie, a indiqué dimanche Mike Waltz, le futur conseiller sécurité de la Maison Blanche.
En Europe comme en Ukraine, la crainte est de voir les Etats-Unis forcer Kiev à accepter des concessions territoriales qui de facto constitueraient une victoire militaire et géopolitique du Kremlin, qui aurait alors les coudées franches pour imposer, sous la menace, sa domination sur ses voisins.
C'est dans ce contexte qu'une réunion d'urgence Otan-Ukraine est prévue mardi.
Sur le terrain, les forces ukrainiennes sont à la peine depuis le début de l'année, cédant toujours plus de territoire dans l'Est, face à une armée russe qui reste, malgré de lourdes pertes, mieux équipée et plus nombreuse.
Par ailleurs, la Russie a, selon les Occidentaux et l'Ukraine, reçu le soutien de quelque 10.000 soldats nord-coréens, qui pourraient être envoyés incessamment sur le front.
(C.Young--TAG)