Un Biden affaibli tente de rassurer avant l'arrivée de Trump
Joe Biden a fait un peu pâle figure lors de l'une de ses dernières sorties sur la scène internationale vendredi, admettant que les temps changent avec le retour imminent au pouvoir de Donald Trump.
Le président américain sortant de 81 ans, a tenté de profiter d'un sommet à Lima pour renforcer les liens avec les principaux alliés de l'Asie-Pacifique avant la boule de démolition potentielle d'un second mandat de M. Trump.
Mais M. Biden n'a pas pu s'empêcher de lancer une pique à son ancien adversaire, à l'issue de ses dernières rencontres avec de nombreux homologues qui regardent par-dessus son épaule le retour imminent du républicain.
"Nous sommes arrivés à un moment de changement politique important", a déclaré M. Biden, l'air nostalgique, alors qu'il rencontrait les dirigeants du Japon et de la Corée du Sud dans la capitale péruvienne.
"Il s'agit probablement de ma dernière réunion trilatérale avec ce groupe important, mais je suis fier d'avoir contribué à la mise en place de ce partenariat", a-t-il dit.
M. Biden a insisté sur le fait que son approche multilatérale survivrait à M. Trump, déclarant à propos de l'alliance entre le Japon et la Corée du Sud: "Je pense qu'elle est faite pour durer, c'est ce que j'espère et ce que j'attends".
Un haut responsable américain a ensuite insisté sur le fait que "le nom du président-élu n'a pas été évoqué" avec le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba et le président sud-coréen Yoon Suk Yeol.
Il s'agit peut-être plus d'une question de politesse que de politique.
M. Biden se targue d'avoir été capable de faire en sorte que "l'Amérique est de retour" après les turbulences des années Trump lors de son premier mandat (2017-2021) et qui a tendu la main à des autocrates étrangers tels que le Russe Vladimir Poutine et le Nord-Coréen Kim Jong Un.
Aujourd'hui, c'est Trump qui est de retour.
- Arrivée discrète pour Biden -
Pour ce qui sera probablement sa dernière grande tournée à l'étranger, avec notamment un déplacement au G20 au Brésil la semaine prochaine, M. Biden a été éclipsé par l'homme qui prendra ses fonctions le 20 janvier.
Le président sortant s'est aussi vu voler la vedette par le président chinois Xi Jinping.
Le Pérou, pays hôte du sommet, a déroulé le tapis rouge pour M. Xi lors d'une visite d'Etat, et l'inauguration du premier mégaport d'Amérique du Sud financé par la Chine.
La présidente du Pérou, Dina Boluarte, a accueilli M. Xi au palais du gouvernement à Lima, tandis qu'une fanfare jouait en tenue de cérémonie bleue et rouge, avec des képis à plumes et entourée de drapeaux.
L'accueil jeudi de M. Biden a été beaucoup plus discret, avec deux courtes files de soldats à l'aéroport.
Vendredi, M. Biden a dû même patienter l'arrivée d'autres dirigeants pour le début du sommet, selon des responsables américains.
Il est ensuite entré dans la salle de conférences, a tendu la main aux dirigeants de la Thaïlande et du Vietnam, entre lesquels il était assis, et s'est assis. De vieux amis, Justin Trudeau (Canada) et Anthony Albanese (Australie), l'ont ensuite rejoint pour un selfie, mais il n'y avait pas foule pour rencontrer le dirigeant de la première puissance mondiale.
Joe Biden doit rencontrer M. Xi pour la dernière fois en tête-à-tête en tant que président, samedi, dans le but, selon des responsables, de tirer parti de la rencontre historique qui a permis d'apaiser les tensions il y a un an.
Toutefois, cette rencontre se déroulera également dans l'ombre de Donald Trump et dans la perspective de nouvelles tensions et d'une guerre commerciale.
Alors que son étoile politique pâlit, Joe Biden a plaisanté sur le fait que même la Première dame, Jill Biden, était prête à se débarrasser de lui.
Lors d'une réunion avec la présidente du Pérou, il a pointé du doigt le directeur de la NASA, l'agence spatiale américaine, à ses côtés : "Chaque fois que ma femme pense que je deviens incontrôlable, elle me dit, +Je vais l'appeler pour qu'il t'envoie dans l'espace+".
(S.Perez--TAG)