Israël affirme avoir visé des dépôts d'armes du Hezbollah près de Beyrouth
Israël a annoncé jeudi avoir visé des dépôts d'armes du Hezbollah dans les bombardements aériens massifs qui ont frappé la veille au soir la banlieue sud de Beyrouth, un fief du mouvement islamiste libanais, et détruit plusieurs immeubles.
L'aviation israélienne a mené au total 17 frappes, selon l'agence libanaise Ani, sur ces quartiers, en grande partie désertés par leurs habitants, lors des bombardements les plus intenses dans ce secteur depuis le début de la guerre il y a un mois, qui ont détruit six immeubles.
Après Israël et l'Arabie saoudite, le secrétaire d'Etat poursuit sa onzième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre qui s'est propagée en septembre au Liban, alors que toutes les tentatives de médiation en vue d'un cessez-le-feu ont échoué.
Il avait mis en garde mercredi Israël contre le risque d'une "plus grande escalade", au moment où l'Iran, qui soutient le Hezbollah et le Hamas, se dit déterminé à riposter en cas d'attaque israélienne après le tir de quelque 200 missiles iraniens contre son territoire le 1er octobre.
- "La ville a tremblé" -
Jeudi, l'armée israélienne a annoncé avoir visé dans la banlieue sud de Beyrouth "plusieurs dépôts et des ateliers de fabrication d'armes appartenant au Hezbollah", dans des sites installés "en dessous et à l'intérieur de bâtiments civils dans le coeur de zones peuplées".
Des images de l'AFP ont montré une énorme explosion, suivie d'autres plus petites.
L'armée libanaise a annoncé jeudi que trois de ses soldats avaient été tués par des tirs israéliens dans le sud du Liban, où Israël mène depuis le 30 septembre des opérations terrestres contre le Hezbollah.
Israël affirme vouloir neutraliser le mouvement chiite dans ces régions frontalières et permettre le retour dans le nord d'Israël de 60.000 habitants déplacés par les tirs de roquettes incessants depuis un an.
L'Ani a fait état d'une nouvelle série d'attaques israéliennes dans le sud, notamment dans les régions de Tyr et Bint Jbeil, d'une frappe de drone sur une voiture sur l'autoroute Beyrouth-Damas à l'est de la capitale libanaise et de combats dans les deux villages frontaliers de Aïta al-Chaab et Ramia.
"Des hélicoptères ennemis ont atterri sur place à cinq reprises" pour évacuer les victimes, a précisé l'agence.
L'agence officielle syrienne Sana a de son côté annoncé tôt jeudi qu'une frappe israélienne avait touché un "immeuble d'habitation" du quartier de Kafr Sousa à Damas.
La veille, Israël avait bombardé au Liban la ville côtière de Tyr, poussant à fuir une partie de ses habitants.
"Toute la ville a tremblé", a confié Rana, une habitante qui a refusé de donner son nom de famille, quand ces frappes ont touché "le cœur de Tyr".
Après un an de guerre à Gaza, l'armée israélienne a déplacé le coeur de ses opérations vers le Liban où elle mène depuis le 23 septembre des frappes aériennes visant principalement les bastions du Hezbollah dans le sud et l'est du pays ainsi que la banlieue sud de Beyrouth.
Au moins 1.552 personnes ont été tuées au Liban depuis le 23 septembre, d'après un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.
L'ONU a recensé quelque 800.000 déplacés.
Une conférence internationale s'est ouverte jeudi à Paris dans le but de réunir 500 millions d'euros pour les déplacés dans ce pays plongé dans le chaos, déjà paralysé avant la guerre par une double crise économique et politique.
La France a annoncé qu'elle allait débloquer cent millions d'euros et l'Allemagne 96 millions d'euros.
- "Un autre hiver en guerre" -
M. Blinken avait jugé mercredi que le "moment" était venu de mettre fin à la guerre à Gaza, où Israël mène depuis le 6 octobre une nouvelle offensive contre le Hamas dans le nord du territoire.
La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent menée par le mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, incluant les otages tués ou morts en captivité.
Sur les 251 personnes alors enlevées, 97 restent otages à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée.
L'offensive israélienne lancée en représailles à Gaza a tué au moins 42.792 Palestiniens, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
Une source de sécurité a affirmé mercredi que l'armée israélienne était prête pour encore "des mois de combats" à Gaza et au Liban.
La guerre a provoqué le déplacement de la quasi-totalité des 2,4 millions d'habitants du territoire assiégé par Israël, qui se préparent à vivre un deuxième hiver soumis à des pénuries de plus en plus sévères.
"Nous ne nous attendions pas à vivre un autre hiver en guerre", a confié à l'AFP Salah Abou al-Jabeen, une femme de 32 ans installée dans un camp surpeuplé de Nousseirat, dans le centre du territoire.
"Nous devons remplacer les toiles de tente parce qu'elles se sont abîmées à cause du soleil cet été", "nous avons aussi besoin de couvertures et de vêtements", a-t-elle ajouté.
(O.Garcia--TAG)