Mexique: les députés rejettent la réforme du marché de l'électricité contestée par les Etats-Unis
Les députés mexicains ont rejeté dimanche un projet de réforme constitutionnelle visant à renforcer le rôle de l'Etat dans la production de l'énergie électrique, une mesure phare du président de gauche nationaliste Andres Manuel Lopez Obrador publiquement critiquée par les Etats-Unis.
Le parti présidentiel Morena et ses alliés n'ont pas obtenu la majorité qualifiée des deux-tiers des 497 députés votants (sur 500 au total) nécessaire pour modifier trois articles de la Constitution. Au total, 275 ont voté pour et 223 contre cette réforme de la Constitution visant à renforcer le rôle du secteur public dans la production et la distribution d'électricité.
Le résultat du vote est tombé après plus de douze heures d'un débat pendant lequel Morena et ses alliés ont qualifié de "traîtres" les députés des trois principaux partis d'opposition qui ont fait bloc contre la réforme (l'ancien parti-Etat du PRI, le PAN de droite et le PRD de gauche).
Ce projet de révision constitutionnelle prévoyait de revenir sur la libéralisation du secteur de l'électricité de 2013, et de renforcer le rôle de l'entreprise publique Commission fédérale d'électricité (CFE) face au secteur privé et aux entreprises étrangères.
Les Etats-Unis dénoncent un risque pour l'environnement et pour les milliards d'investissements privés des entreprises américaines au Mexique.
L'ambassadeur américain à Mexico Ken Salazar avait estimé que l'approbation de la réforme pourrait provoquer des "litiges interminables" dans le cadre du traité de libre-échange Mexique-Etats-Unis-Canada.
L'Espagne redoute également les conséquences pour ses entreprises privées sur le marché mexicain, comme Iberdrola.
Le président de la République avait minimisé d'avance sa prévisible défaite devant la chambre des députés. "Quoi qu'il arrive, nous sommes blindés contre la trahison. Je vais de nouveau l'expliquer demain", a-t-il tweeté dans la soirée de dimanche, quelques heures avant le vote.
Le président semble faire référence à une décision de la Cour suprême il y a dix jours. La Cour a estimé que le projet de renforcer le rôle de l'entreprise publique CFE sur le marché de l'électricité était constitutionnel.
Le président avait également annoncé la semaine dernière qu'en cas d'échec et de "trahison des députés" sur sa réforme constitutionnelle à la majorité qualifiée, il transmettrait dès lundi une "loi minière" "pour que le lithium reste propriété de la Nation". Cette loi contre de nouvelles concessions d'exploitations de lithium (minerai stratégique utilisé dans la fabrication des batteries) ne requiert que la majorité simple.
(T.Renner--BBZ)