Athènes signe l'achat à la France de trois frégates et de six Rafale
La Grèce a signé jeudi l'achat à la France de trois frégates de défense et d'intervention (FDI) et de six avions de combat Rafale, nouvelle étape de l'alliance stratégique entre les deux pays.
Sur fond de tensions avec la Turquie voisine, la Grèce a décidé l'an dernier de renforcer sa capacité militaire en commandant à la France 24 avions de combat Rafale et trois frégates, pour un montant total de plus de 5,5 milliards d'euros.
En présence de la ministre française des Armées Florence Parly et de son homologue grec Nikos Panagiotopoulos, le PDG de Naval Group Pierre Eric Pommellet et le vice-amiral grec Aristeidis Alexopoulos, directeur général des Investissements de défense et des armements, ont signé le contrat portant sur trois frégates - baptisées Belharra à l'export.
"La Grèce fait le choix de frégates de dernière génération qui rassemblent le meilleur du savoir-faire naval français", s'est aussitôt félicité Pierre Eric Pommellet, dans un communiqué, saluant "un nouveau chapitre dans l'alliance stratégique entre la Grèce et la France".
En septembre, les deux pays ont conclu à Paris un "partenariat stratégique", comportant la livraison de frégates, et confirmant leur intention de renforcer l'Europe de la défense.
Ces navires taillés pour des affrontements de forte intensité en haute mer seront construits par Naval Group, à Lorient, dans l'ouest de la France, pour être livrés à la marine grecque en 2025, pour les deux premiers, et 2026, pour le troisième.
Le contrat prévoit une quatrième frégate en option, la fourniture de torpilles MU90 ainsi qu'un soutien de Naval Group à la marine grecque.
- Rafale supplémentaires -
Le PDG de Dassault Aviation Eric Trappier a également fait le déplacement pour la signature d'un deuxième contrat portant sur la livraison de six Rafale neufs supplémentaires. La vente de 18 de ces avions de combat avait déjà été signée l'an dernier, dont six d'occasion ont été livrés à la Grèce.
La signature de ces nouveaux contrats, qui portent à eux seuls sur un montant de plus de trois milliards d'euros, intervient alors que les relations semblent s'apaiser entre la Grèce et la Turquie, qui ont promis de coopérer davantage face à la conjoncture de la guerre en Ukraine.
La Grèce et la France ont commencé à renforcer leur coopération militaire à l'été 2020 pour contrer les tentatives turques d'exploration gazière dans des zones disputées de Méditerranée orientale.
Le "partenariat stratégique" conclu en septembre entre Paris et Athènes, comporte une clause d'assistance mutuelle par "tous les moyens appropriés" si les deux pays "constatent conjointement qu'une agression armée survient contre le territoire" de l'un des deux.
Ankara a critiqué l'accord franco-grec à plusieurs reprises, estimant qu'il menaçait "la paix et la stabilité régionales".
Mais le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a souligné, en février au Parlement grec, que la modernisation de l'armée grecque vise à "renforcer l'arsenal du pays".
- Sommet "inattendu" -
Or un sommet "inattendu" à Istanbul entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre grec "a contribué à améliorer les relations bilatérales en raison de la guerre en Ukraine", a indiqué à l'AFP Christos Rozakis, ancien vice-président de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
La Turquie et la Grèce sont toutes deux membres de l'Alliance atlantique et "l'Otan ne veut pas de tension sur son front oriental", a ajouté cet expert des relations gréco-turques.
Les contrats sur les frégates et les Rafale supplémentaires ont été signés sur le cuirassé Averof, un navire-musée symbole de l'histoire navale grecque, ancré au Phalère, une banlieue balnéaire d'Athènes.
La Grèce célèbre le 25 mars le début de la guerre de l'Indépendance de l'empire ottoman, en 1821, et pour l'occasion le porte-avions français Charles-de-Gaulle a fait escale au large du Pirée.
Les deux ministres et les deux chefs d'entreprise devaient s'y rendre juste après la signature.
Des Rafale décolleront vendredi du Charles-de-Gaulle, au large de la Crète, pour participer au défilé militaire traditionnel à Athènes, auquel assistera Florence Parly pour la deuxième année consécutive.
(A.Lehmann--BBZ)