Devant les locaux de Sberbank en Europe, des clients désemparés
La colère a cédé la place à la résignation: de Budapest à Zagreb, des clients de la banque russe Sberbank se retrouvaient démunis lundi après l'annonce des difficultés de la filiale européenne, emportée par les répercussions du conflit en Ukraine.
"J'ai entendu la nouvelle d'une possible faillite, alors je suis vite venu retirer mon argent au cas où", explique Otto Szucs, un retraité de 77 ans rencontré par l'AFP dans la capitale hongroise.
Devant le distributeur, un flot incessant de clients se succèdent, alors que la banque centrale a ordonné une fermeture des bureaux pour deux jours.
Idem en Croatie, où les retraits sont désormais limités à plusieurs centaines d'euros par jour. Le gouvernement s'est voulu rassurant, mais n'a pas convaincu.
"Je ne crois plus personne", a lancé une quinquagénaire qui a refusé de donner son nom, tout en tentant en vain de retirer de l'argent à Zagreb.
"Cela me rappelle les années 1990", a-t-elle ajouté, en référence à l'effondrement des banques lors de la désintégration sanglante de l'ex-Yougoslavie.
Sandra, 33 ans, ne cache pas son angoisse alors que son mari dispose d'un compte professionnel doté de 40.000 euros.
"Ce sont les économies d'une vie", confie-t-elle, en espérant que la banque sera "sauvée" ou du moins qu'ils pourront récupérer l'argent grâce aux garanties sur les dépôts.
De son côté, la banque a dit "travailler activement à résoudre dès que possible la situation".
En Bosnie, les autorités ont pris le contrôle des deux branches locales, assurant que "toute l'épargne serait protégée".
- Jets d'oeufs et insultes -
La filiale européenne de Sberbank a été victime de retraits massifs à la suite de l'invasion en Ukraine et de "l'impact sur sa réputation", a expliqué la Banque centrale européenne (BCE) dans un communiqué lundi, constatant sa "faillite ou faillite probable".
Sberbank Europe AG, domiciliée en Autriche et essentiellement implantée en Europe centrale et orientale, compte 800.000 clients et emploie 3.900 personnes, avec des actifs qui s'élèvent à 13 milliards d'euros.
Sa maison mère est désormais ciblée par de lourdes sanctions américaines, visant à largement limiter les transactions internationales.
Au lendemain de l'annonce de l'offensive russe, des dizaines de personnes s'étaient précipitées pour retirer leurs économies.
La filiale slovène dit avoir "enregistré une sortie importante de fonds en très peu de temps" et a également décidé de garder ses portes closes "pour les deux prochains jours", limitant retraits et paiements à 400 euros par jour.
En République tchèque, de nombreuses succursales avaient déjà dû fermer vendredi devant la colère de certains clients et lundi, la banque centrale a pris des mesures pour révoquer la licence nationale de Sberbank.
Jets d'oeufs ou de peinture rouge sur les vitrines, slogans anti-Poutine, employés insultés ou "menacés physiquement": "malheureusement, nous avons enregistré des problèmes de sécurité dans nos branches", a expliqué une porte-parole du groupe russe.
En attendant, impossible d'accéder aux comptes en ligne.
"Je savais que c'était une banque russe, mais les commentaires étaient positifs. Maintenant, je sais que j'ai fait une erreur", soupire Lubos Pavlicek, interrogé par l'agence de presse tchèque CTK.
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(G.Gruner--BBZ)