EDF renfloué par l'État au début d'une année 2022 difficile
EDF a annoncé vendredi un "plan d'actions", avec un renflouement de l'État pour renforcer ses finances, alors que l'année 2022 s'annonce difficile avec des problèmes dans la production nucléaire et les mesures du gouvernement pour limiter la hausse des factures d'électricité.
"Nous rencontrons des difficultés depuis le début 2022 et nous avons décidé de mettre en place un plan d'actions", a indiqué à des journalistes le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy.
EDF, détenu à près de 84% par l'État, a donc dévoilé un projet d'augmentation de capital d'environ 2,5 milliards d'euros. L'État participera à hauteur de 2,1 milliards, a précisé vendredi matin le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, sur RTL.
Cette recapitalisation est destinée à "soutenir EDF qui traverse une passe financière difficile", a souligné le ministre. "EDF rencontre des difficultés qui sont liées à l'indisponibilité de réacteurs nucléaires, elle vend moins d'électricité nucléaire, du coup les revenus sont moins importants, et elle a besoin du soutien financier de l'État", selon Bruno Le Maire.
Le groupe propose également une option de versement en actions (et non en numéraire) des dividendes au titre des exercices 2022 et 2023. Enfin, EDF annonce des cessions d'environ 3 milliards d'euros en cumul sur les années 2022-2023–2024.
Ces mesures pour renforcer les finances d'EDF interviennent alors que le groupe est lourdement endetté, à 43 milliards d'euros à la fin de l'année dernière, mais doit faire face à d'importants investissements.
Le président Emmanuel Macron vient notamment d'annoncer son intention de construire 6 réacteurs EPR en France, avec des études pour 8 supplémentaires.
- Des mois "difficiles" -
EDF a pourtant annoncé vendredi de solides résultats pour 2021, avec un bénéfice net multiplié par 8 à 5,1 milliards d'euros, profitant notamment d'une bonne production nucléaire en France.
Mais les choses se gâtent pour cette année. "Les semaines, les mois que nous vivons actuellement sont difficiles" et "notre objectif avec ce plan d'actions est de surmonter ce moment", a indiqué Jean-Bernard Lévy.
EDF va en effet souffrir cette année d'une production nucléaire française en berne, avec notamment des problèmes de corrosion sur les systèmes de sécurité de plusieurs réacteurs, qui a conduit à des arrêts prolongés pour plusieurs d'entre eux.
Ensuite, le groupe va pâtir des mesures du gouvernement pour limiter la hausse des factures d'électricité à 4% cette année. Cette promesse gouvernementale, en plein débat sur le pouvoir d'achat et à l'approche de l'élection présidentielle, va notamment obliger EDF à vendre plus d'électricité nucléaire à prix bradé à ses concurrents, alors que les cours sont très élevés sur les marchés de gros.
L'excédent brut d'exploitation (Ebitda), qui atteignait 18 milliards d'euros en 2021, devrait ainsi être amputé cette année d'environ 11 milliards à cause de la baisse de production nucléaire et 8 milliards à cause des mesures exceptionnelles du gouvernement.
En revanche, EDF devrait bénéficier des prix élevés pour environ 6 milliards.
Mais le groupe ne donne pas de prévision pour 2022 au-delà de ces indications, compte-tenu des fortes incertitudes.
"Il peut d'abord se passer beaucoup d'autres choses, opérationnelles etc., et deuxièmement il y a une extrême volatilité", avec "une très forte sensibilité à l'évolution des prix", a expliqué le directeur financier, Xavier Girre.
Les cours de l'électricité se sont envolés sur les marchés depuis l'automne, une flambée alimentée par celles des cours du gaz naturel ainsi que des quotas d'émission de CO2, les droits à polluer.
(O.Joost--BBZ)