Le Centre-Est déblaie et évalue les dégâts après des pluies exceptionnelles
Dégager la boue et les branches d'arbre: l'heure est au nettoyage et à la décrue vendredi après les dégâts causés la veille dans de nombreuses communes du Centre-Est par des pluies exceptionnelles qui ont atteint jusqu'à 700 millimètres en Ardèche.
La vigilance rouge "crue" ou "pluie-inondation" a été levée dans les six départements touchés (Rhône, Loire, Haute-Loire, Ardèche, Lozère et Alpes-Maritimes), mais 10 de la moitié sud restent concernés par une vigilance orange, a indiqué Météo-France dans son bulletin de 10H00.
Plus d'un millier de personnes ont été évacuées depuis jeudi, dont 25 hélitreuillées par les pompiers, et une partie a passé la nuit dans des centres d'hébergement ouverts par les autorités.
Trois blessés légers ont été recensés. A Paris, un arbre est tombé sur une famille, dont le père n'a pas survécu, sans que le lien avec les intempéries ne soit formellement établi.
Près de 3.000 pompiers restent mobilisés vendredi, ainsi que des forces de l'ordre. Un hélicoptère de la gendarmerie doit effectuer une reconnaissance au-dessus des zones sinistrées pour évaluer les dégâts.
- "Massif" -
Dans la ville ardéchoise d'Annonay, traversée par deux rivières et dont le centre-ville avait été brusquement inondé, "la décrue a commencé dès hier après-midi. Il n'y a pas de nouveau dégâts, les agents des services déblayent le bois et la boue" dans les rues, a déclaré à l'AFP Mathieu Jouet, chargé de communication à la mairie.
Les passants marchent prudemment sur les amas de boue laissés par la crue. Balais à la main les commerçants de la place des Cordeliers repoussent la boue sur la route, tandis qu'un tractopelle nettoie la chaussée.
Dans les boutiques, les commerçants s'affairent pour trier ce qui peut encore être sauvé. "C'est comme ça, ça c'est passé, on fait avec", témoigne avec fatalisme la gérante d'un magasin qui ne veut pas donner son nom. "Maintenant on va nettoyer et on va reprendre".
Jérôme Odouard a lui "tout perdu" dans son atelier de bijou. "Les caves sont sous l'eau on attend la pompe, après il faudra vider la boue (...) Là faut tout refaire. J'ai tout monté moi même ça fait 10 ans, on va recommencer", dit-il dépité.
Dans ce département, le volume des cumuls de pluie a atteint 700 mm dans les Cévennes, 465 mm sur le plateau ardéchois et 150 à 170 mm pour le bassin d'Annonay, et "en ce qui concerne les cours d'eau, la décrue se poursuit", précise vendredi la préfecture d'Ardèche.
"On est face à quelque chose de massif", a commenté sur BFM TV/RMC la ministre de la Transition écologique Agnès Pannier-Runacher, qui doit se rendre sur place dans la journée. "Nous sommes face à des épisodes qui sont liés au dérèglement climatique des inondations", a-t-elle poursuivi, en appelant à s'y préparer.
- "Eau boueuse" -
Le gouvernement déclarera "au plus vite" l'état de catastrophe naturelle, qui permet d'enclencher les assurances, a assuré sur France Info le ministre délégué chargé de la sécurité du quotidien, Nicolas Daragon, en évoquant une "dizaine de jours".
Quelque 4.000 foyers sont encore privés d'électricité, dont la moitié dans la Loire, les autres en Haute-Loire, Ardèche et dans le Rhône, selon un bilan d'Enedis à 08H30.
A la veille des vacances scolaires de la Toussaint, les établissements scolaires n'ouvriront pas en Ardèche, dans 51 communes du Rhône et 39 dans la Loire.
La circulation des trains a repris le long du littoral dans les Alpes-Maritimes mais reste interrompue en Occitanie, notamment autour de Toulouse, et entre Lyon et Saint-Etienne.
L'autoroute A47, submergée par la montée de la rivière Gier, reste fermée au niveau de Givors, au sud de Lyon.
Le pompage de l'eau "est déjà en cours mais cela risque d'être très long. L'eau est boueuse avec des déchets. L'autre enjeu est l'évacuation des véhicules puis le nettoyage et la vérification des ouvrages et de la route en général", selon la préfecture.
(A.Thompson--TAG)