Un lundi brûlant en France
Une deuxième vague de chaleur heureusement courte: le pic de températures en France aura lieu lundi après-midi, avec 40 départements placés en vigilance orange par Météo-France, dont ceux d'Ile-de-France, où les habitants cherchent à se protéger de cette canicule, illustration flagrante du changement climatique.
Les vagues de chaleur n'ont pas épargné l'Europe cet été: l'Espagne en termine avec son quatrième épisode lundi, après 40°C dans plusieurs régions et des nuits étouffantes. L’Italie, aux prises avec l’une des pires sécheresses de ces 50 dernières années, connaît un tunnel de températures élevées qui dure depuis plusieurs semaines, et s'attend à 38°C à Rome lundi. Plus de 30°C sont aussi attendus aux Pays-Bas.
En France, des températures maximales de 36/38°C sont attendues en région parisienne, où les Jeux viennent de se terminer, mais aussi en PACA, Centre, Bourgogne, Haute-Normandie et jusqu'aux Hauts-de-France, selon Météo-France.
La nuit de dimanche à lundi a déjà été particulièrement chaude. A 5H00 lundi matin, 28.2°C ont été relévés à Marignana (Corse), 27.6°C à Nice (Alpes-Maritimes), 26.6°C à Arbois (Jura) et 25.4 °C à Lyon (Rhône).
- Pour quelques degrés de moins -
Lundi matin, à Lyon, les habitants se préparaient à vivre une journée étouffante.
"Je me suis dit qu'il fallait que je fasse mes courses plus tôt pour en fait m'enfermer chez moi à une certaine heure" car après "ça va être la fournaise", témoigne Myriam Sedrani, 47 ans, au sortir d'un supermarché du 2e arrondissement lyonnais.
Jean-Paul Chavanon, 62 ans, a aussi changé ses habitudes, venant remplir son chariot de packs d'eau dès les premières heures. "Et tout à l'heure, j'irai me balader avec mon chien sur les quais, à l'ombre", pour tenter de gagner quelques degrés de fraicheur.
Même stratégie des centaines de kilomètres plus au nord, à Ivry en région parisienne. "Je me suis dépêché d'aller faire mes courses à l'ouverture des magasins, il va faire trop chaud aujourd'hui. J'habite en région parisienne depuis 30 ans, c'est de plus en plus dur l'été", explique Alain, 72 ans, avant de filer se mettre devant un ventilateur, chez lui.
Mais pour beaucoup, rester dans les appartements, transformés en étuves, est tout simplement impossible. Eda, 49 ans, est venue se réfugier à la boulangerie. "Il y a un courant d'air", apprécie-t-elle, alors que chez elle "quand la température monte on étouffe".
Les travailleurs en plein air ont aussi été forcés de s'adapter. A Lyon les horaires de travail d'un chantier de voirie sont plus matinaux et des vêtements adaptés à la canicule (vêtements respirants, manches longues et petites cagoules à placer sous le casque qui peuvent être mouillées) ont été fournis aux ouvriers.
Une telle vague de chaleur, la deuxième après celle de fin juillet, n'est pas exceptionnelle par sa durée et ses températures: le niveau de vigilance est orange, et non du plus haut niveau, le rouge, comme ce fut le cas fin août 2023.
Mais depuis la funeste canicule de 2003, la France a pris conscience que la chaleur tue plus que n'importe quel autre événement climatique, et Météo-France et les autorités prennent soin d'alerter qu'il faut s'hydrater, se rafraîchir, ne pas sortir inutilement, fermer les volets la journée, aérer la nuit...
- Comment la chaleur tue -
La chaleur a tué 5.000 personnes à l'été 2023 en France, et 7.000 à l'été 2022, a estimé Santé Publique France. La plupart avaient plus de 75 ans, mais pas tous.
Il n'est nul besoin d'atteindre 45°C ou 50°C pour mourir de chaud. L'Europe, le continent qui se réchauffe le plus vite, enterre chaque année plus de 175.000 personnes à cause de la chaleur, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
La chaleur extrême, lorsqu'elle dure nuit et jour, empêche le corps de réguler sa température et peut provoquer un cercle vicieux. Le corps transpire ce qu'il peut, à condition de boire assez. Il dilate ses vaisseaux et augmente la circulation du sang au niveau de la peau pour tenter d'évacuer l'excès de chaleur, ce qui peut priver nos organes vitaux.
D'où les maux de têtes, les nausées, les malaises et, dans le pire des cas, des organes qui commencent à défaillir.
La température à l'ombre est montée dimanche à 41,4°C à Pissos (Landes), 41,3°C à Cazaux (Gironde), 38,3°C à Niort (Deux-Sèvres) ou 37,3°C à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), selon Météo-France.
Mais la fin de l'alerte est en vue: mardi, "les chaleurs régresseront rapidement par l'Ouest" et "ne resteront très élevées que sur l'extrême Est". Tous les départements actuellement en vigilance orange redescendront au moins en jaune "sauf le Rhône, la Savoie, la Haute-Savoie, l'Isère, la Drôme, les Alpes-Maritimes et la Corse", indique Météo-France.
(N.Miller--TAG)