Paris-Roubaix: recherche brebis pour la Trouée d'Arenberg
Des brebis pour désherber la Trouée d'Arenberg ? Les organisateurs de Paris-Roubaix projettent une opération inédite d'éco-pâturage qui reverdit "la reine des classiques" cyclistes, dont la 119e édition est prévue dimanche.
L'idée est directement issue de la pandémie, de sa conséquence sur le secteur pavé emblématique du parcours. La course, annulée en 2020, a été reportée en octobre l'année suivante. Pendant trente mois, la ligne droite de 2300 mètres, aux 276.000 pavés (estimation), est restée désertée par les vélos de compétition.
"On a été pris au dépourvu quand on s'est rendu compte après deux années de non-utilisation que l'herbe avait repoussé en quantité incroyable. On n'avait qu'une solution, faire un nettoyage en profondeur pour enlever toute l'herbe", explique à l'AFP Thierry Gouvenou, "Monsieur Paris-Roubaix" au sein d'ASO, la société organisatrice.
"On a commencé à réfléchir à d'autres solutions, plus écologiques. Et donc l'éco-pâturage, faire venir des brebis régulièrement dans la Trouée pour manger l'herbe qui pousse naturellement", ajoute le directeur de course.
Haut-lieu de Paris-Roubaix dont elle est le symbole international depuis 1968, la Trouée d'Arenberg est un site classé, géré par l'ONF (Office national des forêts). Strictement protégé, en raison d'une réserve ornithologique proche, interdit aux véhicules et seulement fréquenté par les promeneurs.
"En accord avec l'ONF, la commune de Wallers et la communauté d'agglo de la Porte du Hainaut, on va faire une tentative. L'ONF a l'habitude de travailler avec des gens qui font de l'éco-pâturage sur certains sites", détaille Thierry Gouvenou.
- "Mieux pour tout le monde" -
Quel volume de troupeau ? Quelle durée de pâturage ? Quelle fréquence de passage ? "Il y a encore des détails à régler", répond le directeur du course. "On n'est pas sûr de notre coup à 100 %, mais on veut tenter cette opération. On sent bien qu'on se fait déborder par la poussée de l'herbe et, si on ne fait rien, on ne peut pas faire passer la course".
Le calendrier prévoit une mise en place dès cet été, au moment de la poussée la plus importante. "Si on arrive à une Trouée propre au début de l'hiver, on sera tranquille au printemps prochain", estime Thierry Gouvenou. "Il suffira ensuite d'un petit balayage au dernier moment et ce sera bien mieux pour tout le monde, aussi bien financièrement qu'écologiquement".
Existe-t-il des troupeaux près de Wallers ? "Des associations de la région font ce genre d'opération. On pourrait être soutenu aussi par la FNSEA (le principal syndicat agricole), on a des solutions", affirme le directeur de course sans cacher les problèmes à régler encore: "Il faut trouver la place pour héberger les animaux la nuit. On est aussi sur une zone où il y a pas mal de passages piétons. Il faut parvenir à trouver une bonne collaboration entre les animaux et les promeneurs."
"La particularité d'Arenberg, c'est qu'il n'y a pas de passage de voitures, de tracteurs, de véhicules. C'est aussi pour cela que la nature reprend ses droits plus facilement", souligne-t-il en évoquant le côté gagnant-gagnant de l'opération à venir: "On est dans la nature, on met des animaux pour manger de l'herbe et ça permet à la course cycliste de mieux se dérouler, en meilleure sécurité."
(A.Lehmann--BBZ)