A Mexico, l'inquiétude des voisins d'un cimetière de bonbonnes de gaz
Presque tous les soirs, César Rivera et son épouse doivent supporter la forte odeur de gaz qui émane d'un immense dépôt de bonbonnes vides près de leur appartement à Mexico.
"L'odeur est si forte, si insupportable, qu'on dirait que la cuisinière est mal fermée", déclare à l'AFP M. Rivera, 37 ans, habitant de Huichapan, un quartier populaire de l'ouest de la capitale.
Des milliers de vieilles bonbonnes sont entreposées à l'air libre, au beau milieu du quartier, montrent des images aériennes prises par l'AFP.
Elles occupent le terrain d'une ancienne raffinerie de la compagnie pétrolière publique Pemex, fermée en 1991 pour des raisons environnementales.
Les bonbonnes d'une capacité de 20 à 30 litres de gaz LP appartiennent à la société Gas Bienestar, qui prévoit de les recycler ou les détruire.
- Risques -
En janvier, les autorités de Mexico ont assuré que Pemex allait retirer ces résidus de gaz LP, qui contiennent du butane et du propane.
"La protection civile est déjà venue ; elle n'a vu aucun risque. Mais de toute façon nous faisons en sorte de prendre en compte les doutes et les problèmes des habitants", a déclaré alors la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum.
L'entreprise Gas Bienestar n'a pas donné suite à la demande d'entretien de l'AFP, de même que la Protection civile.
"Nous avons envie de vomir, avec de forts maux de tête", raconte un autre habitant, José Juan Macias, 44 ans, dont la charpenterie côtoie l'ancienne usine. Les fenêtres restent closes dans l'après-midi, malgré la chaleur.
Les autorités "affirment qu'il ne se passe rien", poursuit-il. "Mais nous pensons tous qu'il y a un certain danger. Alors nous faisons attention à ne rien allumer quand ça sent fort, de peur qu'il y ait une explosion".
- Pollution -
Les pompiers d'une caserne voisine reçoivent tous les jours des témoignages de fuite de gaz, mais en réalité il s'agit des bonbonnes.
"Nous sommes allés sur les lieux de l'ancienne raffinerie, mais ils ne font pas cas de nous", affirme le responsable de la caserne, César Suárez, selon qui le manque d'information et de coordination limite les possibilités d'un plan d'urgence.
Les résidus de gaz LP peuvent contaminer le sol, selon Ricardo Torres, de l'Institut des sciences de l'atmosphère de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM).
"C'est une bombe à retardement", conclut César Rivera, le charpentier.
(T.Burkhard--BBZ)