Inondations: accalmie dans le Pas-de-Calais, les habitants exténués
Une accalmie à la durée incertaine se dessine mercredi dans le Pas-de-Calais, soumis depuis des jours à des intempéries exceptionnelles et encore mardi à des pluies torrentielles, les habitants, à bout de force, craignant déjà la prochaine crue.
Cette accalmie "pourrait durer au moins jusqu’à jeudi, malgré quelques averses de faible intensité recensées sur le Montreuillois", note la préfecture à la mi-journée.
Le département vit depuis dix jours au rythme des pluies diluviennes et des crues.
"Pour la quatrième fois en deux semaines, on a pris l'eau: la première fois, on a pris 30 cm, la deuxième 40, la troisième 70, et là on estime que c'est à 15 cm", énumère, fataliste, Erwan Outtier, 21 ans, venu constater les dégâts dans l'entreprise d'impression numérique où il travaille, à Saint-Léonard, près de Boulogne-sur-Mer. Il attend que l'eau descende pour tenter, à nouveau, de sécher les machines et de les faire redémarrer.
La Liane continue selon Vigicrues de subir des crues très importantes, ainsi que l'Aa, la Canche et l'aval de la Lys. Une crue "très importante" et même "supérieure à celle de la semaine dernière" se propage par ailleurs sur la Hem.
Dans les Alpes, la Haute-Savoie a passé la nuit en vigilance rouge pour l'Arve, mais est repassée en orange mercredi matin.
- "Tout perdu" -
La commune de Saint-Étienne-au-Mont (Pas-de-Calais), traversée par la Liane, a été à nouveau inondée mardi soir. Une coulée de boue a détruit le mur d'enceinte d'une maison et formé un cratère.
Dans la commune voisine de Saint-Léonard, "les gens ont tout perdu", rapporte la maire Gwenaëlle Loire. Vêtue d'un gilet orange, elle discute avec des retraités réfugiés à l'étage de leur maison.
"Il y a eu jusqu'à 1,50 m d'eau dans les maisons, c'est inédit, c'est inouï" et "l'après va être très compliqué, parce que des maisons vont devenir insalubres", poursuit l'élue, qui dit déjà savoir que "des habitants vont quitter Saint-Léonard".
"La situation commence à être un peu +moins pire+, on commence à entrer dans l’après, qui n’est pas le plus simple, les compagnies d'assurance arrivent", abonde la présidente départementale de la Croix-Rouge, Fabienne Berquier. Pour elle, le grand enjeu consiste désormais à trouver des solutions durables de relogement aux sinistrés qui ne pourront pas rentrer chez eux.
Une vue aérienne des abords du village révèle des champs inondés d'où émergent des bouquets d'arbres.
- Catastrophe naturelle -
La reconnaissance en état de catastrophe naturelle de 181 communes dans le Pas-de-Calais et de 24 dans le Nord a été publiée mercredi dans le Journal officiel.
En déplacement dans le département mardi, le chef de l'Etat avait annoncé le déblocage d'un "fonds de soutien" de 50 millions d'euros à destination des collectivités touchées.
Pour les agriculteurs ayant subi les inondations dans les Hauts-de-France mais aussi en Bretagne et Normandie, un autre fonds, de 80 millions, doit être activé.
"Ça ne sera pas suffisant", a estimé sur France Bleu Nord le président PS du Pas-de-Calais, Jean-Claude Leroy, précisant que le département avait pour sa part "provisionné 10 millions". "Mais là encore, ça ne sera pas assez."
Signe d'un relatif optimisme, les établissements scolaires des zones touchées rouvrent progressivement mercredi, après deux jours de fermeture. Seul un collège près de Béthune n'a pas rouvert mais certains établissements accueillent peu d'élèves car les transports scolaires restent très perturbés, selon la préfecture.
Depuis le 6 novembre, environ 1.400 personnes ont été évacuées à cause de ces crues, exceptionnelles par leur durée et leur intensité.
S'ils constituent des phénomènes naturels, les inondations, cyclones et sécheresses peuvent être amplifiés par le réchauffement climatique généré par les activités humaines.
M. Leroy appelait également mercredi à replanter des haies et réfléchir à l'impact de l'artificialisation des terres sur les effets de ruissellement de l'eau.
(L.Thomas--TAG)