Société Générale freinée par sa banque de détail au troisième trimestre mais saluée en bourse
Société Générale a publié vendredi un chiffre d'affaires en hausse sur un an au troisième trimestre, un résultat meilleur qu'attendu et salué en bourse, malgré un bénéfice lesté par des provisions constituées en cas d'impayés et la rémunération des livrets réglementés.
Le produit net bancaire (PNB), équivalent du chiffre d'affaires, s'élève à 6,83 milliards d'euros (+2,3%) de juillet à septembre, pour un résultat net de 1,5 milliard d'euros (-6,4%).
Si elle est peu ou prou dans le rythme du trimestre précédent (hors impact de la cession de Rosbank), Société Générale surpasse les attentes des analystes interrogés par le fournisseur d'informations financières Factset.
La Bourse a applaudi : Société Générale connaissait vendredi vers 09H35 la plus forte hausse du CAC40: +4,77% à 24,62 euros, dans un marché en hausse de 0,80%.
"Ce trimestre est marqué par une progression des revenus, la poursuite de la maîtrise des frais généraux et un coût du risque contenu", a commenté dans un communiqué le directeur général Frédéric Oudéa.
L'activité de banque de détail en France a un poids important pour la Société Générale. Elle rassemble notamment les réseaux d'agences Société Générale et Crédit du Nord amenés à fusionner à partir de l'an prochain et a vu sa rentabilité chuter par rapport à la même période l'an dernier: si le chiffre d'affaires de l'activité est stable, son bénéfice net est amputé de 27%, à 343 millions d'euros.
Les comptes sont notamment affectés par le coût du risque, ces sommes provisionnées pour faire face aux éventuels impayés sur les crédits consentis (près de 200 millions d'euros pour les réseaux).
Il s'élève à 456 millions d'euros à l'échelle du groupe au troisième trimestre, soit plus de deux fois celui de l'an dernier à la même période.
La clientèle particulière dite fragile et les entreprises gourmandes en énergie, en première ligne face à l'inflation, concentrent l'attention de la banque.
La hausse du taux du Livret A et du Livret de développement durable et solidaire - Société Générale conservait à ce titre près de 25 milliards d'euros d'encours en fin d'année dernière -, passé de 1% à 2% au 1er août, ainsi que celles des produits d'épargne associés pesait également sur la profitabilité de la banque de détail.
Le résultat net des réseaux de banque de détail à l'international, groupés avec l'assurance et des services spécialisés, progresse quant à lui de 6,8% au troisième trimestre, de même que celui de la banque de financement et d'investissement, de 15,6%.
- Année de transition -
Le bénéfice engrangé au troisième trimestre permet au groupe bancaire de passer en territoire positif cette année.
Frappé de plein fouet par la guerre en Ukraine, Société Générale a dû se séparer en milieu d'année de sa filiale de banque de détail en Russie, Rosbank.
Le départ de Russie s'est traduit par une perte sèche de plus de 3 milliards d'euros, passée au deuxième trimestre. Les bénéfices de la première moitié de l'année ne suffisaient pas à combler ce trou, c'est chose faite à l'issue du troisième trimestre: la banque a gagné depuis janvier 858 millions d'euros, pour un peu plus de 21 milliards d'euros de chiffre d'affaires.
Le groupe est par ailleurs en pleine recomposition de son état major, avant l'arrivée du successeur de Frédéric Oudéa : Slawomir Krupa, le patron des activités de financement et d'investissement, doit prendre les rênes du groupe en mai.
Les départs de trois dirigeantes ont déjà été annoncés ces dernières semaines : la directrice des risques Sadia Ricke - son remplaçant a d'ailleurs été nommé jeudi-, la directrice des ressources humaines et de la communication Caroline Guillaumin et surtout la directrice générale adjointe, Gaëlle Olivier, en charge de l'informatique, de la transformation digitale et de l'innovation.
Sur le plan opérationnel, Société Générale mène en 2022 plusieurs transformations de fond, dont l'absorption de Leaseplan par sa filiale de leasing automobile maison ALD et celle du réseau Crédit du Nord, amené à passer aux couleurs rouge et noir.
(B.Hartmann--BBZ)