Danemark: après sa victoire électorale, la gauche en quête d'un gouvernement
Au lendemain de la victoire serrée de son camp aux élections législatives au Danemark, la Première ministre sociale-démocrate Mette Frederiksen a présenté sa démission mercredi à la reine, prélude aux négociations pour un nouveau gouvernement et une éventuelle recomposition politique.
Habitués à diriger des gouvernements minoritaires, les sociaux-démocrates, de loin le plus grand parti avec 50 sièges sur les 179 du Parlement, veulent désormais gouverner au-delà des clivages traditionnels, une gageure dans le pays scandinave.
Après la démission du gouvernement, la reine Margrethe II a de chargé Mme Frederiksen de commencer les discussions en vue de la constitution d'un gouvernement, lesquelles commencent formellement vendredi.
"Les électeurs ont envoyé un signal indiquant que nous devons travailler ensemble", a commenté la Première ministre sortante à la télévision publique TV2.
Forte du meilleur résultat pour son parti depuis 2001, la dirigeante âgée de 44 ans est en position de force pour rester en poste.
Elle entend sonder les 11 autres partis représentés au Parlement pour trouver un terrain d'entente notamment sur la santé et l'environnement.
"Nous avons besoin d'un plan d'urgence pour (réformer) le système de santé danois afin de pouvoir réduire les temps d'attente. Nous avons besoin d'un plan à long terme pour l'Etat-providence, et nous devons continuer à travailler sur la transition verte", a-t-elle dit.
- Négociations sur "plusieurs semaines" -
Pour le politologue Rune Stubager, les discussions avec la droite ont peu de chances d'aboutir, les formations de ce côté-là de l'échiquier politique, qui ont jusqu'à présent refusé sa main tendue, n'ayant "pas de raison" pour s'allier formellement avec elle.
Pour la forme, Mme Frederiksen va pourtant "commencer les négociations pour former un gouvernement large et ça va prendre du temps, probablement plusieurs semaines", dit à l'AFP l'universitaire.
"Ensuite, elle passera au plan B, qui est je pense plus réaliste, qui consiste à former un gouvernement avec les autres partis du camp de gauche".
Elle va devoir aussi composer avec le nouveau parti centriste, les Modérés, nouvellement crée par l'ancien Premier ministre libéral Lars Løkke Rasmussen.
Les Modérés vont participer aux négociations et pourraient s'ils le souhaitent entrer au gouvernement, "s'ils sont prêts à suffisamment de compromis", estime M. Stubager.
Mais "je ne pense pas qu'ils franchiront le pas car cela les exposerait à la critique de la droite" dont la majorité de leurs cadres est issue.
- Questions migratoires -
Les questions migratoires, absentes de la campagne, pourraient faire leur grand retour dans ces négociations.
Les sociaux-démocrates, dont l'objectif est de n'accueillir aucun réfugié, travaillent à la mise en place au Rwanda d'un centre de gestion des demandeurs d'asile, un projet décrié par les sociaux-libéraux dont les mandats peuvent s'avérer cruciaux pour la constitution du prochain gouvernement bien qu'il ai perdu 9 de ses 16 précédents mandats, entrainant le départ de sa présidente.
"Ca sera très difficile pour les sociaux-démocrates d'adoucir leur position sur l'immigration, car ça a été un pivot de leur stratégie les cinq, six dernières années", note toutefois M. Stubager.
L'extrême droite, divisée en trois partis, cumule 14,4% des voix mais se retrouve affaiblie pour peser dans les tractations.
Le parti du Peuple danois (DF), longtemps influent et qui caracolait au-dessus des 20% il y a quelques années encore, chute autour de 2,6%, son plus mauvais résultat depuis son entrée au Parlement en 1998.
C'est un nouveau parti fondé par l'ancienne ministre de l'Immigration, Inger Støjberg, les Démocrates du Danemark, qui rafle la mise avec 8% et 14 mandats.
Dans un pays où la participation est traditionnellement élevée, 84,1% des quelque 4,2 millions d'électeurs se sont déplacés pour aller voter, une part en très léger recul et au plus bas depuis plusieurs décennies.
(S.G.Stein--BBZ)