L'eau et l'électricité rétablies à Kiev, au lendemain de bombardements russes
L'approvisionnement en eau et en électricité a été rétabli mardi matin dans la capitale ukrainienne, Kiev, au lendemain de bombardements russes sur des infrastructures essentielles, qui avaient provoqué des coupures massives.
La Russie multiplie depuis début octobre les frappes de drones et de missiles contre les systèmes d'eau et d'électricité des villes ukrainiennes, poussant les autorités à instaurer des restrictions par endroits et qui font craindre un hiver difficile pour les Ukrainiens.
L'approvisionnement "a été entièrement rétabli", a déclaré le maire de Kiev Vitali Klitschko, alors que près de 80% des habitants de la capitale se trouvaient sans eau et 350.000 foyers sans courant.
Des coupures d'électricité programmées vont toutefois continuer dans la capitale "car le déficit du système électrique, après les attaques barbares de l'agresseur, est important", a prévenu M. Klitschko, alors que les sirènes anti-aériennes ont de nouveau retenti dans la ville mardi matin.
Selon l'armée ukrainienne, la Russie a lancé lundi 55 missiles de croisière, 22 missiles anti-aériens S-300 et des drones de combat pour une vague de frappes à travers le pays, visant très souvent des infrastructures énergétiques.
Ces frappes ont été parmi "les plus massives sur notre territoire par l'armée russe", a accusé mardi un conseiller de la présidence ukrainienne, Oleksiï Arestovytch.
Il s'est néanmoins félicité de l'amélioration de la défense anti-aérienne de l'Ukraine, grâce à laquelle "les destructions n'ont pas été aussi critiques qu'elles auraient pu l'être".
Les frappes russes du mois d'octobre ont détruit environ un tiers des capacités électriques à l'approche de l'hiver, selon les autorités ukrainiennes, qui ont exhorté la population à réduire la consommation d'énergie autant que possible.
- Nouvelles évacuations à Kherson -
Les autorités d'occupation russe de la région de Kherson, dans le sud de l'Ukraine, ont de leur côté annoncé de nouvelles évacuations des habitants de cette ville, où les troupes de Moscou se préparent à une offensive ukrainienne prochaine.
Après avoir évacué près de 70.000 personnes de la rive droite du fleuve Dnipro la semaine dernières, les responsables prorusses ont commencé mardi le déplacement de milliers d'habitants supplémentaires.
"Nous allons réinstaller et transférer jusqu'à 70.000 personnes" se trouvant actuellement dans une bande de 15 kilomètres de profondeur à l'est sur la rive gauche du fleuve, a déclaré le gouverneur installé par Moscou à Kherson, Vladimir Saldo.
L'Ukraine dénonce ces évacuations comme une "déportation" des habitants de la région.
M. Saldo a affirmé que les nouvelles évacuations avaient été décidées face au risque d'une "possible attaque de missiles" sur un barrage situé sur le fleuve et dont la destruction entraînerait l'"inondation de la rive gauche".
Selon M. Saldo, l'évacuation de cette bande permettrait aussi à l'armée russe de mettre en place une "défense en profondeur pour repousser l'attaque ukrainienne". Les forces de Kiev ont pris plusieurs villages dans cette zone ces dernières semaines, après avoir déjà repoussé les Russes sur plusieurs milliers de kilomètres carrés dans le nord-est du pays.
Ailleurs sur le front, la présidence ukrainienne a rapporté des attaques russes de drones dans les régions de Poltava et Dnipropetrovsk, dans le centre du pays, et de missiles sur plusieurs autres localités.
Cinq civils ont été tués et neuf blessés ces dernières 24 heures en Ukraine, selon le chef adjoint de la présidence Kyrylo Tymochenko.
A Bakhmout, l'un des points chauds du front dans l'est de l'Ukraine, les journalistes de l'AFP ont constaté des tirs d'artillerie alors que les combats pour cette ville sans grande valeur stratégique font rage depuis plus de quatre mois.
"C'est la guerre totale. Totale, car nous utilisons tout", a déclaré le sergent au nom de guerre "Petrokha", évoquant une intensité pas vue depuis la Deuxième guerre mondiale.
Sur le plan économique, les consultations se sont multipliées lundi entre responsables russes et turcs après la décision de Moscou de suspendre l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes, vitales pour l'approvisionnement mondial.
La Russie a justifié cette décision par une attaque ukrainienne ayant visé sa flotte en Crimée annexée. Kiev a de son côté dénoncé un "faux prétexte" et assuré être prêt à poursuivre les exportations.
Trois nouveaux cargos chargés de céréales ont quitté les ports d'Ukraine mardi matin et se dirigaient vers le corridor humanitaire en Mer Noire, selon le centre de coordination chargé de superviser ces exportations, basé à Istanbul.
(B.Hartmann--BBZ)