Le Brésil vote, Lula comme Bolsonaro confiants de l'emporter
Les Brésiliens votaient dimanche pour choisir leur prochain président, le candidat de gauche Luiz Inacio Lula da Silva ou le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro, qui se sont dits tous deux confiants dans leur victoire.
"Si Dieu le veut on va gagner ce soir", a déclaré Jair Bolsonaro, parmi les premiers des 156 millions d'électeurs à voter dès l'ouverture des bureaux à 08H00 (11H00 GMT) dans le quartier Vila militar de Rio de Janeiro.
"Ou mieux encore, le Brésil sera victorieux ce soir", a ajouté le président de 67 ans, très souriant, vêtu d'un t-shirt avec l'inscription "Brésil" jaune et vert, aux couleurs du drapeau du Brésil affectionné par les bolsonaristes.
Il s'est ensuite rendu à l'aéroport de Rio pour accueillir l'équipe de football locale de Flamengo, qui a remporté samedi en Equateur la Copa Libertadores, l'équivalent de la Ligue des champions européenne.
Jair Bolsonaro avait déjà reçu le soutien, très critiqué, de Neymar, la star de la sélection nationale, qui évolue au Paris SG.
Il devait ensuite embarquer à destination de la capitale Brasilia où il a prévu d'attendre les résultats dans le palais de l'Alvorada.
Chemise blanche à manches longues, Lula, 77 ans, a dit sa "confiance dans une victoire de la démocratie" en votant peu après son rival à Sao Bernardo do Campo, la ville du sud-est où il a fait ses débuts en tant que dirigeant syndical.
Il a souhaité que le scrutin, dont il est le favori, permette "de restaurer la paix entre les Brésiliens", à l'issue d'une campagne ultra-polarisée. Lula devait attendre les résultats à Sao Paulo.
La campagne entre ces deux hommes que tout oppose s'est déroulée dans un climat brutal qui les a vus s'insulter copieusement pendant que les réseaux sociaux, unique source d'information de la majorité des 170 millions d'utilisateurs brésiliens, charriaient des torrents de désinformation.
- "Essentiel de voter" -
Dans un pays où le vote est autorisé à partir de 16 ans, et obligatoire à partir de 18 ans sous la menace d'une amende dérisoire de 3,5 réais (environ 0,50 cts d'euros), Gabriel Valeriano, qui vient de fêter 16e anniversaire "pense qu'être jeune et voter est très important" car "nous sommes l'avenir d'une nation".
Dans le même bureau de vote de Brasilia, Carolina Tavares, 37 ans, juge aussi "essentiel d'aller voter pour cette élection si particulière".
Dans les rues de la capitale, un couple, lui 50 ans et maillot jaune sur les épaules, elle 46 ans et maillot rouge de la couleur du Parti des Travailleurs (PT) de Lula, sont bras dessus-bras dessous. Vingt-sept ans de mariage, deux enfants, mais des opinions politiques diamétralement opposées qui n’entachent pas leur union.
"On avait commencé à parler (de politique), on a vu que ça ne collait pas alors on a pris la décision de ne pas en parler à la maison pour ne pas détruire l'amour que l'on a l'un pour l'autre", dit à l'AFP Elisete Silveira, professeure de danse, en regardant affectueusement Alex, son mari.
- "C'est la démocratie" -
Si les sondages prédisent depuis des mois un troisième mandat de quatre ans à Lula après ceux de 2003 à 2010, Jair Bolsonaro, peut encore y croire.
Selon l'ultime enquête Datafolha samedi soir, l'écart s'est resserré à 52%/48% pour Lula avec une marge d'erreur de 2 points. Les sondages avaient lourdement sous-estimé le score de Bolsonaro au 1er tour (43% contre 48% pour Lula).
"C'est bien plus serré que quiconque l'aurait cru", dit à l'AFP Brian Winter, rédacteur en chef de Americas Quarterly. L'enjeu majeur de l'entre-deux tours a été la chasse aux 32 millions d'abstentionnistes.
Bolsonaro acceptera-t-il le résultat s'il est le premier président se présentant à un second mandat à ne pas être réélu depuis le retour à la démocratie en 1985 ?
Après avoir lancé des attaques incessantes contre le système "frauduleux" des urnes électroniques, il a affirmé vendredi, sans convaincre: "celui qui a le plus de voix gagne. C'est la démocratie".
"Bolsonaro va remettre en question le résultat", estime Rogerio Dultra dos Santos, de l'Université fédérale de Fluminense.
Lula, ancien métallo au destin hors norme, qui a connu la disgrâce de la prison (2018-2019) puis l'annulation de ses condamnations pour corruption, a dit espérer que Bolsonaro "reconnaîtra le résultat" s'il perd.
Les bureaux fermeront à 17H00 (20H00 GMT), 12 gouverneurs d'Etats brésiliens seront également élus, et le résultat dans l'Etat de Sao Paulo, le plus peuplé et le plus riche, est très attendu.
Le nom du président de l'immense pays aux 215 millions d'habitants sera connu avant 20H00 (23H00 GMT).
(A.Berg--BBZ)