Ehpad: Orpea annonce se placer à nouveau sous protection judiciaire pour renégocier sa dette
Dans la tourmente depuis la sortie en janvier d'un livre-enquête, le groupe d'Ehpad privés Orpea a annoncé mercredi avoir ouvert une nouvelle procédure amiable de conciliation devant le tribunal de commerce de Nanterre afin de renégocier sa dette avec ses créanciers.
"L'entreprise est trop endettée en raison du développement international et immobilier mené à un rythme effréné, à l'initiative de l'ancienne direction générale", a expliqué à l'AFP son nouveau directeur général, Laurent Guillot.
"Cette procédure de conciliation amiable nous permet de renégocier avec les acteurs financiers la situation de notre endettement et en même temps de protéger nos salariés et résidents", a-t-il ajouté.
L'objectif envisagé serait de "convertir une partie de la dette d'Orpea en capital et de lever à nouveau de l'argent en dette et en capital auprès des investisseurs", a précisé M. Guillot.
Orpea avait déjà réalisé cette année une procédure de conciliation amiable qui lui avait permis d'aboutir à un accord avec ses banques pour assurer son financement. Mais le groupe risque de ne plus être en mesure de s'y conformer en raison de différents facteurs comme l'inflation.
Orpea anticipe également de nouvelles dépréciations d'actifs, estimées entre 2,1 et 2,5 milliards d'euros, selon un communiqué.
La situation d'Orpea a en outre été "fortement affectée par les malversations et les manquements éthiques de la direction précédente", a souligné M. Guillot.
Le groupe a décidé de compléter la plainte contre X déjà déposée auprès de la justice, en visant cette fois explicitement l'ancien mandataire social, Yves Le Masne, a indiqué M. Guillot.
"Je n'imagine pas un seul instant qu'Yves le Masne (...) ne mesurait pas toute la responsabilité qui était la sienne", a commenté M. Guillot.
Orpea, présent dans 23 pays et qui gère plus de 350 établissements en France, est dans la tourmente depuis la sortie en janvier du livre-enquête "Les Fossoyeurs", qui l'accuse de maltraitances envers les résidents, de fraudes comptables et de pratiques contestables en matières de ressources humaines.
La justice a ouvert en avril une enquête préliminaire pour maltraitance institutionnelle et infractions financières, à la suite d'un signalement par le gouvernement.
Le groupe dit avoir pris de premières mesures pour modifier ses pratiques et prévoit de détailler le 15 novembre son plan de transformation sur trois ans.
Depuis le scandale, son titre a connu une chute vertigineuse à la Bourse de Paris. L'action, dont le cours a été suspendu lundi, s'affichait à 14,74 euros vendredi à la clôture de la séance, soit une baisse de 83% depuis le début de l'année.
La cotation reprendra mercredi à l'ouverture des marchés.
(G.Gruner--BBZ)