Meloni dément être fasciste et ancre l'Italie dans l'UE et l'Otan
La nouvelle Première ministre Giorgia Meloni a fermement ancré mardi l'Italie au coeur de l'UE et de l'Otan tout en rejetant toute "proximité" avec le fascisme, un mois jour pour jour après la victoire historique de son parti d'extrême droite Fratelli d'Italia aux élections et l'inquiétude qu'elle a suscitée.
L'Italie fait "pleinement partie de l'Europe et du monde occidental", a-t-elle affirmé mardi avec force lors de son discours de politique générale devant les députés.
"Je n'ai jamais eu de sympathie ou de proximité vis-à-vis des régimes antidémocratiques. Pour aucun régime, fascisme compris", a aussi tenu à souligner celle qui fut dans sa jeunesse une admiratrice de Mussolini, même si en août elle a assuré que la droite avait "relégué le fascisme à l'Histoire".
La première femme cheffe de gouvernement de l'Histoire d'Italie a aussi promis que l'Italie resterait "un partenaire fiable de l'Otan en soutien à l'Ukraine qui s'oppose à l'agression de la Russie".
"Ceux qui pensent qu'il est possible d'échanger notre tranquillité contre la liberté de l'Ukraine se trompent", a-t-elle assuré depuis la tribune de l'hémicycle, debout dans son tailleur noir.
"Céder au chantage de Poutine sur l'énergie ne résoudrait pas le problème, cela l'aggraverait ouvrant la voie à de nouvelles prétentions et chantages et de futures augmentations (du prix) de l'énergie encore plus importantes que celles que nous avons connues ces derniers mois", a-t-elle estimé.
En ce qui concerne l'Union européenne, elle a expliqué que l'approche italienne n'était pas de "freiner et saboter l'intégration européenne" mais de faire mieux fonctionner la machine communautaire.
"L'Italie va respecter les règles" européennes, a également assuré Mme Meloni, même si Rome veut aussi "contribuer à changer celles qui ne fonctionnent pas". L'UE est "une maison commune pour affronter les défis que les Etats membres peuvent difficilement affronter seuls", a-t-elle ajouté, jugeant que l'UE n'a pas fait assez dans ce domaine dans le passé.
"Qui s'interroge" sur les défauts de l'UE "n'est pas un ennemi ou un hérétique mais quelqu'un qui veut contribuer à une intégration européenne plus efficace pour affronter les grands défis qui l'attendent", a dit Mme Meloni.
Le discours de Mme Meloni, qui a pris ses fonctions dimanche, sera suivi d'un vote de confiance, mardi soir à la Chambre des députés puis mercredi au Sénat. Elle est assurée de l'emporter puisque sa coalition dispose de la majorité absolue dans les deux chambres.
- Baisses des impôts -
Alors que l'inflation fait rage, elle s'est engagée en "priorité" à "renforcer les mesures de soutien aux ménages et entreprises, aussi bien pour les factures énergétiques que pour le carburant".
"Un engagement financier qui drainera une grande partie des ressources disponibles", a-t-elle reconnu alors que la dette atteint 150% du PIB, soit le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce, et que l'Italie devrait entrer en récession en 2023.
"La solution pour réduire la dette n'est pas une austérité aveugle (...) mais une croissance économique durable et structurelle", a avancé la Première ministre, dont le discours a été régulièrement interrompu par des salves d'applaudissement.
L'inflation a augmenté de 8,9% sur un an en septembre et l'Italie a été particulièrement touchée par la crise énergétique en raison de sa dépendance aux importations de gaz russe.
Parallèlement, elle veut "réduire la pression fiscale sur les entreprises et les ménages", alors que "le poids excessif de la fiscalité est l'un des principaux obstacles à la création d'emplois et à la compétitivité de nos entreprises sur les marchés internationaux".
Concernant la manne de près de 200 milliards d'euros de subventions et de prêts accordés par l'Union européenne dans le cadre de son fonds de relance post-pandémie, elle s'est engagée à les dépenser "au mieux en négociant avec la Commission européenne les ajustements nécessaires (...) à la lumière surtout de la hausse des prix des matières premières et de la crise énergétique".
Sur l'immigration clandestine cheval de bataille de l'extrême droite, elle a affirmé la volonté de son gouvernement d'"arrêter les départs illégaux (d'Afrique, NDLR) et de mettre un terme à la traite d'êtres humains" en Méditerranée.
(T.Renner--BBZ)