HSBC chute en bourse, les perspectives de pertes sur crédits inquiètent
Le géant bancaire HSBC dévissait en bourse mardi, les investisseurs s'inquiétant des perspectives de pertes sur crédits après une large provision de la banque, à cause des risques de récession et des taux d'intérêt qui se resserrent.
Les investisseurs ont aussi été pris de court par le départ surprise du directeur financier Ewen Stevenson, remplacé par Georges Elhedery à partir du 1er janvier.
La banque a vu son bénéfice net part du groupe chuter de 46% sur un an au troisième trimestre, à 1,9 milliard de dollars, à cause d'une lourde dépréciation en vue de la cession d'activités en France et d'une provision pour pertes de crédits, alors que l'an dernier au contraire elle avait passé une reprise de provisions.
Le chiffre d'affaires a reculé de 3% sur un an, à 11,6 milliards de dollars.
Ces résultats sont cependant meilleurs qu'attendu, stimulés par la hausse de l'activité liée aux taux d'intérêt, qui ont largement augmenté ces derniers mois et rendent les prêts plus rentables.
Revers de la médaille: la hausse des taux d'intérêt accroît les risques de récession et donc de défauts de crédit pour les ménages comme les entreprises.
Malgré le fort déclin du bénéfice net, "les résultats ajustés avant impôts sont en hausse de 18%", relève Richard Hunter, analyste de Interactive Investor, ce qui selon lui témoigne de la résilience de la banque, "qui adopte une approche très prudente dans le contexte actuel".
Le directeur général d'HSBC Noel Quinn a fait valoir dans un communiqué que la banque vise un rendement d'au moins 12% l'année prochaine, notamment en réduisant ses coûts.
Le groupe fait face à de nombreux défis, souligne Richard Hunter, car il dépend largement de ses revenus d'Asie où "l'état périlleux de l'immobilier commercial en Chine est une préoccupation claire", en plus des pressions inflationnistes, de récession et géopolitiques.
Sanctionnée en Bourse, l'action de HSBC chutait de 7,28% à 440,50 pence, vers 10H30 GMT.
- Semaines difficiles -
Lors d'une conférence de presse en ligne, Noel Quinn a salué la nomination du nouveau Premier ministre britannique Rishi Sunak.
"Nous avons eu quelques semaines difficiles au Royaume-Uni, je suis heureux de voir que les marchés se sont stabilisés", s'est félicité le dirigeant, qui attend du nouveau Premier ministre qu'il "travaille sur des décisions budgétaires".
Le gouvernement britannique prévoit une présentation budgétaire de moyen terme lundi, même si cela dépend de la confirmation de Jeremy Hunt au poste de Chancelier de l'Echiquier.
Alors que la presse britannique affirme qu'une hausse de taxes pour les banques est sur la table au Royaume-Uni, Noel Quinn a estimé que la charge fiscale dans le pays "est déjà importante avec un impôt sur les sociétés plus une surcharge sectorielle".
D'un point de vue économique plus global, il admet qu'il y a "un impact clair sur l'économie britannique et d'autres de la hausse de l'inflation, et de la transition d'une politique budgétaire et fiscale accommodante pendant le Covid" vers "une politique monétaire plus normalisée, pour aider à contrôler l'inflation".
- Pivot vers l'Asie -
La direction de la banque est par ailleurs sous pression d'actionnaires qui voudraient scinder ses activités asiatiques, afin de dégager davantage de valeur.
C'est notamment le cas du principal actionnaire, Ping An Insurance Group, qui détient 9,2% des actions HSBC et propose une offre de restructuration.
Noel Quinn a de nouveau rejeté cette hypothèse: "nous dialoguons régulièrement avec Ping An", et "à propos d'une séparation des activités asiatiques, nous avons déjà dit clairement que nous ne pensons pas que c'est une bonne route à suivre".
Au cours du week-end, le dirigeant chinois Xi Jinping a resserré son emprise sur le pouvoir en obtenant un troisième mandat de cinq ans, confiant des postes à responsabilité à ses proches alliés, qui soutiennent notamment sa politique "zéro Covid".
Cette politique sanitaire draconienne plombe l'économie chinoise, dans un contexte d'incertitude mondiale liée à la guerre en Ukraine.
"Le marché de l'immobilier commercial en Chine est difficile et il va mettre du temps à absorber ces défis", mais HSBC est "bien positionné", a assuré Noel Quinn, minimisant l'exposition du groupe.
L'année dernière, HSBC avait promis d'accélérer un recentrage stratégique vers l'Asie et le Moyen-Orient, avec l'ambition de devenir le leader du marché asiatique de la gestion de patrimoine.
(P.Werner--BBZ)