Rishi Sunak sur le point de savoir s'il emporte dès lundi la course à Downing Street
L'ancien ministre des Finances britannique Rishi Sunak saura lundi en début d'après-midi s'il affrontera une adversaire dans la course à Downing Street ou sera désigné immédiatement pour remplacer Liz Truss au poste de Premier ministre, au lendemain du renoncement spectaculaire de Boris Johnson.
Rishi Sunak sera-t-il seul à dépasser le seuil des 100 parrainages de députés conservateurs requis dans la course, synonyme de couronnement immédiat ?
Le couperet doit tomber peu après 14H00 locales (13H00 GMT). Et à mesure qu'approche l'échéance, le camp de Penny Mordaunt, seule autre candidate déclarée, revendique avoir rassemblé 90 soutiens - contre une trentaine de soutiens connus selon les médias - et appelle les députés conservateurs à se rallier à elle, afin que les adhérents aient "leur mot à dire".
En effet, c'est seulement si deux candidats sont en lice que les 170.000 adhérents du parti conservateurs seront consultés pour choisir d'ici à vendredi le prochain chef du gouvernement.
Dans un spectaculaire retournement, l'ex-Premier ministre Boris Johnson a annoncé dimanche soir qu'il renonçait à se présenter, en raison des divisions au sein de la majorité.
"Vous ne pouvez pas gouverner efficacement si vous n'avez pas un parti uni au Parlement", a-t-il estimé, près de trois mois après avoir quitté Downing Street.
Son renoncement ouvre la voie à la victoire de , 42 ans, candidat malheureux cet été contre Liz Truss, Première ministre éphémère qui a démissionné après seulement 44 jours au pouvoir, victime de la tempête financière provoquée par ses projets de baisses d'impôts massives.
- "Intégrité, professionnalisme et responsabilité" -
Petit-fils d'immigrés d'origine indienne au parcours de l'élite britannique, Rishi Sunak, richissime ancien banquier, serait alors le premier non-blanc à diriger le gouvernement britannique.
Il continue lundi à engranger les soutiens, notamment de fidèles de Boris Johnson, comme l'ex-ministre de l'Intérieur Priti Patel, et est soutenu par plus de la moitié des 357 députés "tories" selon les médias.
Au cours d'un intense week-end de tractations, M. Sunak a annoncé dimanche sa candidature. "Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays", a-t-il déclaré sur Twitter, promettant dans un tacle à Boris Johnson "intégrité, professionnalisme et responsabilité".
Rishi Sunak pourrait être couronné dès lundi, en pleine fête hindoue de Diwali, pour devenir le cinquième Premier ministre depuis le référendum du Brexit de 2016, qui a ouvert une page de turbulences économiques et politiques inédites au Royaume-Uni.
L'ancien Chancelier, gardien de l'orthodoxie budgétaire et bourreau de travail, séduit une grande partie de son camp alors que le pays traverse une sévère crise économique et sociale, avec une inflation à plus de 10% et des grèves qui se multiplient.
- Johnson prend date -
La situation n'a cessé de se dégrader ces derniers mois alors que le gouvernement était paralysé par les soubresauts successifs agitant la majorité et a été encore aggravée par les errements de Liz Truss qui ont déstabilisé les marchés et fait chuter la livre.
M. Sunak avait régulièrement dénoncé cet été le plan économique de Liz Truss et il apparaît comme une figure rassurante pour les marchés britanniques.
Toujours sûr de lui, Boris Johnson, 58 ans, s'est lui dit convaincu qu'il aurait eu, s'il avait choisi d'être candidat, "une bonne chance (...) de retourner à Downing Street". Il avait annoncé sa démission en juillet, acculé par des dizaines de démissions dans son gouvernement, dont celle de M. Sunak.
Rentré samedi de vacances dans les Caraïbes pour engranger des soutiens, Boris Johnson a revendiqué 102 parrainages de députés nécessaires pour se présenter, un chiffre accueilli avec prudence tant il dépasse les ralliements publiquement exprimés. Il s'est dit "bien placé" pour mener son camp, au pouvoir depuis 12 ans, lors des prochaines législatives prévues dans deux ans.
Largement en force dans les sondages, l'opposition travailliste appelle sans relâche à des élections anticipées.
"Les Tories sont sur le point de donner à Rishi Sunak les clés du pays sans qu'il n'ait dit un mot de la manière dont il gouvernerait", a tweeté la cheffe adjointe du Labour Angela Rayner, "personne n'a voté pour ça".
Mais selon le ministre de l'Intérieur Grant Shapps, l'un des soutiens de Rishi Sunak, celui-ci entend s'en tenir au programme conservateur de la fin 2019, promettant notamment un rééquilibrage pour les zones défavorisées.
(O.Joost--BBZ)