Philips, plombé par un rappel de respirateurs, supprime 4.000 postes
Le groupe néerlandais Philips, plombé par un énorme rappel d'appareils respiratoires défectueux pour l'apnée du sommeil et des conditions macro-économiques défavorables, a annoncé lundi la suppression de 4.000 postes.
La société, qui emploie actuellement près de 80.000 personnes mondialement, a enregistré au troisième trimestre une charge de 1,3 milliard d'euros pour les machines défectueuses, qui a en grande partie conduit l'entreprise à une perte nette du même montant.
Philips n'a "pas été à la hauteur" des attentes ces dernières années, a reconnu son nouveau PDG Roy Jakobs lors d'un appel à des journalistes. "Nous sommes confrontés à de multiples défis", a-t-il ajouté en partageant des résultats "décevants" pour le troisième trimestre.
Affirmant que sa priorité immédiate est "d'améliorer l'exécution", M. Jakobs a partagé la "décision difficile mais nécessaire de réduire immédiatement nos effectifs d'environ 4.000 postes dans le monde".
Le groupe s'attend à environ 300 millions d'euros de charges au cours des prochains trimestres pour ces actions de restructuration, mais estime que la réorganisation devrait générer le même montant en économies annuelles.
"Les performances de Philips au cours du trimestre ont été impactées par des défis opérationnels et d'approvisionnement, des pressions inflationnistes, la situation Covid en Chine et la guerre russo-ukrainienne", a souligné le groupe dans un communiqué.
Le groupe a enregistré une baisse des ventes comparables de 5% par rapport à la même période l'année dernière, à 4,3 milliards d'euros.
Philips a également ajusté son bénéfice opérationnel (Ebita) à 209 millions d'euros, soit 4,8 % du chiffre d'affaires, contre 512 millions d'euros, soit 12,3 % du ventes, à la même période l'an dernier.
Coté à la Bourse d'Amsterdam, le titre Philips perdait 0,75% vers 10H30 (8H30 GMT), dans un indice AEX en baisse de 0,46%.
L'entreprise basée à Amsterdam a rappelé les respirateurs en juin de l'année dernière après avoir annoncé que les utilisateurs risquaient d'inhaler ou d'avaler des morceaux de mousse insonorisante toxique pouvant provoquer des irritations, des maux de tête. Philips a aussi évoqué un risque "potentiel" de cancers à long terme.
Philips Respironics fait l'objet d'une enquête du ministère américain de la Justice (DoJ), est défendeur dans plusieurs recours collectifs et réclamations individuelles pour préjudice corporel, et est en pourparlers avec la FDA au sujet d'un règlement final sur les respirateurs défectueux.
Le groupe a averti, il y a près de deux semaines, s'attendre à enregistrer une charge de 1,3 milliard d'euros au troisième trimestre.
- Défis prolongés -
La société prévoit à l'avenir des défis opérationnels et d'approvisionnement prolongés, une détérioration de l'environnement macro-économique et une incertitude persistante liée aux restrictions sanitaires en Chine.
Philips affirme que ces défis seront "en partie compensés par les mesures de productivité et de tarification de Philips", mais s'attend à une baisse des ventes pour le quatrième trimestre de 2022, avec une marge Ebita à un ou deux chiffres.
Philips avait déjà prévu près de 900 millions d'euros pour le remplacement et la réparation des appareils. A ce jour, environ 4 millions d'appareils de remplacement et de kits de réparation ont été produits, a souligné le groupe.
En raison des problèmes persistants de Philips, l'ancien directeur général Frans van Houten a quitté ses fonctions la semaine dernière – six mois plus tôt que prévu – après 12 ans à la tête de Philips au cours desquels la société, géant de l'électronique, est devenue une entreprise de soins de santé.
(A.Berg--BBZ)