Après l'effroi, des centaines de personnes attendues aux funérailles de Lola
Des centaines de personnes --proches, élus ou anonymes-- sont attendues lundi après-midi à Lillers (Pas-de-Calais) pour les obsèques de Lola, 12 ans, dont le meurtre sauvage a bouleversé le pays, une cérémonie que ses parents veulent "digne", loin des "agitations politiques".
Pour "un dernier hommage" à la fillette, la famille a donné rendez-vous dès 13H45 à la collégiale Saint-Omer de Lillers, commune de 10.000 habitants dont est originaire sa mère.
Les parents souhaitent "pouvoir honorer la mémoire" de Lola "dans la sérénité" et "le respect et la dignité", ont-ils réaffirmé dimanche soir, pour la troisième fois depuis jeudi.
La messe, célébrée à 14H30 par l’évêque d'Arras Mgr Olivier Leborgne, sera ouverte au public, mais l'inhumation au cimetière "se fera dans la plus stricte intimité", ont-ils ajouté.
"Je veux que les parents de Lola retrouvent la possibilité de vivre", a dit dimanche, sur France 3, Mgr Leborgne. "J’espère que les gens seront très sobres, très discrets, très respectueux."
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et plusieurs élus sont attendus, dont la députée RN du Pas-de-Calais Caroline Parmentier.
La capacité de l'église étant limitée à 500 personnes, une "sonorisation" sera installée à l'extérieur et la place entièrement vidée de ses voitures pour pouvoir accueillir "quelques milliers de personnes", a indiqué à l'AFP une source proche des forces de sécurité.
- "Merci à tous" -
Les circonstances tragiques de la mort de l'enfant, violentée, asphyxiée et retrouvée le 14 octobre dans une malle dans la cour de son immeuble, ont suscité une vive émotion dans le pays.
Des grilles de sa résidence aux boîtes mails des communes où vivaient ses proches, des milliers d'anonymes ont adressé leurs condoléances. "Merci à tous pour votre soutien", a écrit la maman de Lola, dans un message Facebook partagé plus de 20.000 fois.
Munies de roses blanches et les yeux souvent humides, des dizaines de personnes ont défilé vendredi soir à Fouquereuil (Pas-de-Calais), ville d'origine du père, pour déposer des dessins, des poèmes ou quelques mots dans des registres disposés par la mairie.
Dimanche, des riverains allumaient des bougies et déposaient des fleurs devant l'immeuble de Lola à Paris, sur un muret déjà couvert de centaines de bouquets et messages. "Je ne peux pas aller aux funérailles" alors "je viens ici exprimer ma solidarité", a confié à l'AFP Sandra, une riveraine.
"Qu'est-ce qui nous touche tous? C'est l'atrocité de ce crime", s'est ému vendredi le président Emmanuel Macron, affirmant que la famille de la fillette avait "besoin du respect et de l'affection de la nation".
- "Très choqué" -
Le profil de la suspecte, Dahbia B., Algérienne sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), a suscité de vives critiques à droite et à l'extrême-droite, le gouvernement fustigeant "l'indécence" de cette "récupération politique".
Chez les Républicains, Eric Ciotti a tancé un "laxisme migratoire criminel", avant que son concurrent à la présidence du parti, Bruno Retailleau, annonce le dépôt prochain d'une proposition de loi pour engager "la responsabilité de l'Etat" lorsqu'il "manque à ses obligations".
Eric Zemmour a brandi un concept de "francocide", avant de participer jeudi à un rassemblement avec notamment Marion Maréchal.
Le RN a lui observé une minute de silence à l'Assemblée nationale. "Nous avons été très dignes", a estimé dimanche soir TF1 la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen, ajoutant qu'elle était cependant en droit de demander "des réponses" au gouvernement.
Dans plusieurs villes, des groupuscules identitaires ont aussi organisé des rassemblements.
Le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, sur CNEWS-Europe 1-Les Echos dimanche, s'est dit "très choqué" par ces manifestations, notamment celle où "les lieutenants" d'Eric Zemmour "se press(aient) au premier rang".
La famille avait appelé dès jeudi à ce que les différentes cérémonies se déroulent "loin des agitations politiques et médiatiques".
Ils avaient redemandé le lendemain que "cesse instamment" toute utilisation "du nom et de l'image de leur enfant à des fins politiques".
(Y.Berger--BBZ)