Italie: Meloni prend ses fonctions, l'UE prête à "coopérer" avec elle
Une page se tourne en Italie dimanche avec la prise de fonctions de Giorgia Meloni, avec laquelle l'UE s'est dite prête à "coopérer", au lendemain de la prestation de serment du gouvernement le plus à droite du pays depuis 1946.
La passation de pouvoir entre Mario Draghi, à la tête de l'exécutif depuis février 2021, et la dirigeante du parti post-fasciste Fratelli d'Italia se tiendra à 08H30 GMT au palais Chigi, siège du gouvernement à deux pas du parlement, et sera suivie du premier conseil des ministres (10H00 GMT).
Cette étape essentiellement protocolaire sera marquée par la remise symbolique par l'ex-président de la BCE à Mme Meloni de la clochette utilisée par le président du Conseil pour réguler les débats en conseil des ministres.
Samedi, l'Union européenne, rétive face à l'arrivée au pouvoir de l'extrême droite, s'est dite prête à "coopérer" avec le gouvernement Meloni, un accueil marqué par les félicitations des ses trois grandes institutions: Ursula von der Leyen pour la Commission européenne, le président du Conseil européen Charles Michel et de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola.
Mme Meloni a remercié les dirigeants européens, se disant "prête et impatiente de travailler ensemble".
"Meloni, début européen", titrait dimanche le quotidien La Stampa. "Meloni: au travail, avec fierté", écrivait le Corriere della Sera.
- Dette et inflation -
C'est au palais romain du Quirinal que Mme Meloni, benjamine de ce gouvernement, et ses 24 ministres - dont seulement six femmes - ont "juré de respecter la Constitution et les lois" devant le président Sergio Mattarella.
De nombreux défis l'attendent, essentiellement économiques, à commencer par l'inflation et la dette dont le ratio est le plus élevé de la zone euro après la Grèce.
Elle dispose avec ses partenaires de coalition, le dirigeant populiste de la Ligue antimigrants Matteo Salvini et le chef déclinant de Forza Italia Silvio Berlusconi, de la majorité absolue tant à la Chambre des députés qu'au Sénat.
La composition du nouveau gouvernement reflète le désir de rassurer les partenaires de Rome, inquiets face à l'arrivée au pouvoir en Italie, pays fondateur de l'Europe, du chef de gouvernement le plus eurosceptique depuis la Deuxième Guerre mondiale.
Mme Meloni a ainsi nommé aux Affaires étrangères, avec le titre de vice-Premier ministre, l'ex-président du Parlement européen Antonio Tajani, tandis que Giancarlo Giorgetti, un représentant de l'aile modérée de la Ligue, déjà ministre dans le gouvernement sortant de Mario Draghi, hérite du portefeuille de l'Economie.
- "Vous n'êtes pas seul" -
La tâche de Mme Meloni s'annonce toutefois ardue d'autant que sa coalition montre déjà des fissures.
MM. Salvini et Berlusconi renâclent à accepter l'autorité de Giorgia Meloni, dont le parti a remporté 26% des voix aux élections, contre 8% pour Forza Italia et 9% pour la Ligue.
Elle-même atlantiste et favorable au soutien à l'Ukraine face à la Russie, Mme Meloni a dû affronter cette semaine les propos polémiques de M. Berlusconi, qui a affirmé avoir "renoué" avec Vladimir Poutine et imputé à Kiev la responsabilité de la guerre.
Mme Meloni a rectifié le tir en affirmant que l'Italie fait "pleinement partie et la tête haute" de l'Europe et de l'Otan.
Un message bien reçu à Washington, Kiev et à l'Otan dont le secrétaire général Jens Stoltenberg a adressé ses "félicitations" à Mme Meloni. Le président américain Joe Biden a dit samedi avoir "hâte" de travailler avec elle.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est dit sur Twitter "impatient de continuer la coopération fructueuse". "Vous n'êtes pas seul!", lui a répondu Mme Meloni : "L'Italie sera toujours aux côtés du courageux peuple ukrainien qui se bat pour sa liberté et une paix légitime".
Tandis que l'extrême droite et les conservateurs européens se réjouissaient d'un jour "historique", le chancelier allemand Olaf Scholz a félicité Giorgia Meloni en italien.
Les deux autres grandes capitales européennes, Paris et Madrid, on gardé le silence. Mais Emmanuel Macron, qui se rend dimanche à Rome où il rencontrera le pape et prononcera un discours sur la paix, pourrait en profiter pour rencontrer Mme Meloni, même si aucun entretien n'est prévu à ce stade.
(A.Berg--BBZ)