Les premiers vacanciers font la queue aux stations service
"J'ai laissé le plus possible la voiture au garage" mais maintenant il faut faire le plein: comme Mickael Grumen, nombre de vacanciers faisaient la queue vendredi devant les stations-service, toujours touchées par les pénuries liées à la grève sur des sites pétroliers de TotalEnergies à la veille des vacances.
Devant une station de Boulogne-Billancourt, à l'ouest de Paris et aux portes de l'autoroute A13 qui mène en Normandie, une file de véhicules s’étirait, moteurs éteints et warnings allumés.
"J'ai laissé la voiture le plus possible au garage ces derniers jours, j'ai fait du télétravail", explique à l'AFP Mickael Grumen, 43 ans, qui attend pour prendre de l'essence à 2,040 euros le litre. "J'ai vraiment attendu le dernier moment, d'être dans le rouge pour faire le plein car je compte partir en vacances à Deauville".
Le travail a repris dans plusieurs raffineries, après un accord de hausse de salaires négocié la semaine dernière entre deux syndicats et la direction, mais deux sites pétroliers continuaient leur grève, en Normandie et dans le Rhône.
A Gonfreville (Seine-Maritime), elle est reconduite "jusqu'au 27 octobre", jour où TotalEnergies doit annoncer ses résultats du troisième trimestre, "à moins que la direction ne nous contacte avant", a annoncé Ludovic Desplanches, élu CGT.
Le mouvement a aussi été reconduit au dépôt de carburants de Feyzin (Rhône) où la CGT annonçait 80% de gréviste vendredi matin. Au niveau national, la CGT a appelé à deux nouvelles journées de grève interprofessionnelle les 27 octobre et 10 novembre après celle de mardi.
- "Partir confiants" -
Après un pic de pénuries la semaine dernière, les ruptures d'essence et de gazole se réduisaient cette semaine, tout en restant inédites dans l'histoire récente. Selon le gouvernement, 16,9% des stations étaient en manque de gazole ou d'essence, un chiffre cependant mis en doute comme sous-estimé par des analyses de données publiques réalisées indépendamment par l'AFP, Franceinfo et Le Figaro et publiées vendredi.
A 14H00, 13,1% des stations, soit 1.304 sur 9.976 stations, étaient en rupture totale de carburants au niveau national, c'est-à-dire ne proposaient ni essence ni gazole, selon une analyse par l'AFP des données disponibles sur prix-carburants.gouv.fr. Le nombre de stations en difficulté (incluant celles manquant seulement d'un type de carburant) avoisine les 25%.
"Cela s’améliore nettement", a fait toutefois fait valoir sur Radio classique Francis Pousse, représentant des stations-service chez Mobilians qui fédère 5.800 stations traditionnelles (hors grande distribution), estimant qu'un retour à la normale devrait avoir lieu sous "cinq à sept jours".
Mais la pression sur le gouvernement se fait forte alors que les écoles ferment leurs portes vendredi soir pour deux semaines de vacances.
"Je ne vais pas vous dire que la situation sera à 100% réglée pour les départs en vacances mais les Français peuvent partir confiants", assure Elisabeth Borne dans un entretien à Libération.
Les groupes autoroutiers (Vinci, Eiffage, Sanef) ont tous annoncé être en mesure de fournir du carburant dans les stations-service de leur réseau, fournies aux alentours de 90%.
Le gouvernement a promis vendredi que "les stations-service les plus fréquentées dans le cadre des départs en vacances seront desservies en priorité". Il a aussi demandé la fin "des arrêtés préfectoraux de rationnement" et mobilisé les "camions citernes du service opérationnel de l'énergie du ministère des Armées" dans les zones le plus tendues, a-t-il fait savoir dans un communiqué.
Pressé d'accélérer les livraisons dans les stations, le gouvernement a une nouvelle fois réquisitionné des salariés pour travailler jeudi sur le site de Feyzin, ce qui doit aider toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.
(H.Schneide--BBZ)