Carburants: la grève continue en demi-teinte chez TotalEnergies, les pénuries restent élevées
Deux derniers sites pétroliers de TotalEnergies restaient en grève jeudi après de nouveaux votes de grévistes, le mouvement s'essoufflant, mais le retour à la normale dans les stations-service de France est lent, avant les vacances scolaires d'automne qui commencent vendredi soir.
Le mouvement a été reconduit tôt jeudi matin puis à nouveau à la mi-journée à la raffinerie de Gonfreville (Seine-Maritime), qui assure habituellement 12% de la capacité de raffinage de France, et au dépôt de carburants de Feyzin (Rhône).
A Gonfreville en Normandie, "la grève est reconduite jusqu'au 27 octobre", jour où TotalEnergies doit annoncer ses résultats du troisième trimestre, "à moins que la direction ne nous contacte avant", a annoncé Ludovic Desplanches, élu CGT, à l'issue d'une assemblée générale. Les grévistes demandent de négocier avec la direction locale.
"Les salariés tiennent la dragée haute à Total", a de son côté affirmé le délégué CGT Pierre-Yves Hauguel.
Après trois semaines de blocages, les grévistes de la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), du dépôt "Flandres" à Mardyck, près de Dunkerque (Nord) et de la bioraffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône) ont décidé mercredi de reprendre le travail.
La mobilisation lancée par la CGT le 27 septembre a provoqué d'importantes difficultés d'approvisionnement en carburant, exaspérant particuliers et professionnels à la peine pour remplir leurs réservoirs. Après un pic de pénuries la semaine dernière, les ruptures d'essence et de gazole se réduisaient cette semaine, tout en restant inédites dans l'histoire récente.
Les réquisitions par les forces de l'ordre de salariés grévistes, obligés sous peine de sanctions pénales de venir ouvrir des vannes, ont permis de libérer des stocks de carburants, qui doivent désormais atteindre chacune des près de 10.000 stations du territoire.
La pression a augmenté à l'égard du gouvernement alors que les écoles ferment leurs portes vendredi soir pour deux semaines de vacances.
"La situation continue à s'améliorer nettement", avait souligné mercredi la Première ministre Elisabeth Borne. "Je sais que la situation est encore difficile pour beaucoup de nos compatriotes, mais la dynamique est là et je veux une nouvelle fois appeler les salariés grévistes à reprendre le travail".
Mercredi à 13H00, une station-service sur cinq (20,3%) connaissait des difficultés d'approvisionnement sur au moins un carburant (contre 24,8% mardi), avec des situations encore tendues en Bourgogne-Franche-Comté (33,1%), Ile-de-France (30,5%) et Auvergne-Rhône-Alpes (29,4%), selon les derniers chiffres mercredi du ministère de la Transition énergétique.
Le groupe Vinci Autoroutes a voulu rassurer les vacanciers à venir en annonçant mercredi qu'au moins 90% des stations-service de son réseau étaient en mesure de fournir du carburant: "La continuité de service sur les 181 aires de services du réseau Vinci Autoroutes est assurée à 90% en moyenne en ce qui concerne l'essence sans plomb, et à 92% en moyenne s'agissant du gasoil."
- "Améliorations sensibles" -
Pressé d'accélérer les livraisons dans les stations, le gouvernement a une nouvelle fois réquisitionné des salariés pour travailler jeudi sur le site de Feyzin, 20 personnes selon la CGT, qui sont responsables d'expédier le carburant, ce qui devrait aider toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Le délégué syndical CGT Pedro Afonso a dénoncé des "visites des forces de l'ordre" jusqu'à 23H30 mercredi soir, pour informer des salariés qu'ils étaient réquisitionnés jeudi matin dès 4H00.
La CGT dit avoir proposé mercredi, sans succès, un "protocole de sortie de fin de conflit" à la direction du groupe, prévoyant notamment "des négociations locales sur les problématiques spécifiques remontées par les grévistes".
Mais TotalEnergies a fait valoir qu'il n'y avait pas lieu de rouvrir des négociations, un accord ayant été conclu vendredi avec les deux syndicats majoritaires du groupe, la CFE-CGC et la CFDT. Un texte que la CGT n'a pas signé.
L'accord prévoit une hausse générale de 5% des salaires, assortie de hausses individuelles et d'une prime exceptionnelle comprise entre 3.000 et 6.000 euros. La CGT réclamait une augmentation des salaires de 10%.
Un mouvement avait aussi eu lieu au sein d'Esso-ExxonMobil, avant d'être levé la semaine passée après la conclusion d'un accord salarial.
(T.Burkhard--BBZ)