Les syndicats dans la rue pour réclamer des hausses de salaires et pour défendre le droit de grève
Après plusieurs semaines de grève dans les raffineries et à quelques jours d'une première vague de départs en vacances, les salariés du public et du privé sont appelés mardi à cesser le travail et à manifester, pour une hausse des salaires et contre les réquisitions de grévistes.
De nombreux secteurs ont déposé des appels: fonction publique, énergie, transports publics, routiers, agroalimentaire, commerce etc. Des syndicats des lycées professionnels vont également manifester, pour protester contre la réforme de cette voie voulue par le gouvernement.
Sur le quai RER D à la gare de Lyon à Paris, à 7H00, les passagers se montraient résignés en habitués des perturbations qui touchent souvent cette ligne, grève ou pas.
Des rames bondées et embuées déversaient toutes les 15-20m minutes des foules de passagers soulagés de respirer un air plus frais après un trajet écrasés les uns contre les autres. "J'en ai pour 2 à 3 heures, contre 1H30 normalement, puisque le RER D ne continue pas après Châtelet", soupire Yera Diallo, qui relie Rambouillet à Melun. "Et ce soir, je n'ai aucune idée de comment ça va se passer".
La CGT, en pointe dans le mouvement chez TotalEnergies, réclame une hausse de 10% des salaires (7% pour l'inflation et 3% pour le partage des richesses) "dans un groupe qui n'est pas en difficulté, loin de là".
Des secteurs pourraient s'acheminer vers des grèves reconductibles, comme les cheminots qui entendent profiter de la fenêtre ouverte jusqu'aux vacances vendredi soir, pour négocier des hausses de salaires.
- 150 points de rassemblement -
Du côté de l'exécutif, "le président de la République en a appelé à l'esprit de responsabilité de tous et a mis en exergue les conséquences insupportables pour ceux qui souffrent quotidiennement de cette galère", indiquait lundi soir un participant à une réunion convoquée par Emmanuel Macron peu avant.
La circulation des trains régionaux sera perturbée, avec un TER et un train Intercités sur deux en moyenne, ainsi que sur les réseaux d'Ile-de-France opérés par la SNCF.
Du côté de la RATP, le trafic des bus sera également dégradé avec deux bus sur trois en moyenne, tandis que le trafic du métro sera quasi normal. Trois RER sur quatre fonctionneront sur les portions des lignes A et B opérées par la RATP.
Dans l'industrie pétrolière d'où est parti le conflit fin septembre, la grève devait se poursuivre mardi chez TotalEnergies, dans les équipes de raffinage et/ou de dépôt de carburants.
Près de 150 points de rassemblement sont prévus en France, selon la CGT, qui organise cette journée avec les syndicats FO, Solidaires et FSU et les organisations de jeunesse Fidl, MNL, Unef et la Vie lycéenne.
Premier syndicat de France, la CFDT a en revanche décidé de rester à distance du mouvement, ne croyant pas en l'efficacité des grandes manifestations interprofessionnelles pour obtenir des augmentations salariales dans les entreprises.
- Des réquisitions "inacceptables" -
A Paris, la manifestation s'ébranlera à 14H00 de la place d'Italie. Le cortège des lycées professionnels défilera du métro Saint-François-Xavier au métro Sèvres-Babylone.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l'Assemblée, sera présente parmi les manifestants, 48 heures après la "Marche pour la vie chère" organisée par les partis de gauche dimanche à Paris. Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, est attendu à l'assemblée des cheminots qui se tiendra à 11H00 à Gare de Lyon.
La police anticipe respectivement 15.000 et 2.000 personnes pour les deux manifestations parisiennes, et les autorités s’attendent à voir les "ultrajaunes" et "l'ultragauche" essayer de constituer un cortège devant le carré syndical.
La précédente journée de mobilisation interprofessionnelle, le 29 septembre, avait rassemblé 118.500 personnes dont 13.500 à Paris selon la police (250.000 et 40.000 selon les organisateurs).
Les participants défileront pour "l'augmentation des salaires et la défense du droit de grève", selon les termes du communiqué intersyndical publié la semaine dernière.
Autre motif de mécontentement, qui a notamment convaincu Force ouvrière de se joindre au mouvement: les réquisitions de grévistes mises en oeuvre par le gouvernement pour faciliter la distribution de carburant.
La perspective d'un 49.3 pour faire adopter le budget à l'Assemblée, le durcissement à venir des règles d'indemnisation des chômeurs, la réforme des retraites attendue pour la fin de l'année, sont autant d'ingrédients qui attisent la colère sociale.
(T.Renner--BBZ)