Carburants: les préfets mobilisés face à la grève chez TotalEnergies
Les préfets vont être davantage mobilisés pour aider à acheminer le carburant vers les stations-service, a annoncé le gouvernement à l'issue d'une réunion à l'Elysée consacrée lundi aux pénuries, alors que la grève se poursuit chez TotalEnergies à quelques jours des départs en vacances.
Le président Emmanuel Macron a fait "un point de situation" avec ses ministres alors que les ruptures de carburants persistent dans plusieurs régions et qu'il a lui-même dit vouloir une amélioration cette semaine.
"On va continuer de faire le maximum", a-t-il affirmé depuis le Mondial de l'auto, à Paris, en ajoutant vouloir que "ça se règle le plus vite possible".
"La décision qui a été prise, c'est de mobiliser un cran au-dessus les préfets en appui des Total, des Esso, pour accélérer l'acheminement du carburant vers les stations-service en lien avec les transporteurs", a expliqué la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, à l'issue de la réunion.
"Nous faisons tout notre possible pour que cette situation s'améliore à la veille des vacances de la Toussaint", a-t-elle assuré sur RTL.
"Il y a un début d'amélioration, on veut que ça s'amplifie", a rapporté un autre participant à la réunion.
Empêtré dans la crise des carburants, le gouvernement amorce une semaine à haut risque marquée par un mouvement interprofessionnel mardi et les départs en vacances vendredi.
Le gouvernement a lancé de nouvelles réquisitions dans deux dépôts du groupe TotalEnergies, des mesures "absolument nécessaires pour que les gens puissent continuer d'aller au travail et subvenir à leurs besoins basiques", a justifié Agnès Pannier-Runacher.
Ces réquisitions ont visé à 6H puis 14H le dépôt de Mardyck, à Dunkerque (Nord), déjà réquisitionné en fin de semaine dernière. "Des camions sortent du site. Une centaine de CRS sont présents pour assurer la sortie des expéditions", a indiqué Benjamin Tange, délégué syndical central du raffinage et de la pétrochimie.
Dans l'autre site visé, à Feyzin (Rhône), au moins une quinzaine de camions chargés de carburant ou à vide ont pu quitter le site des expéditions sans incident avant 14H00, ont constaté des journalistes de l'AFP.
- Un mardi crucial -
Les réquisitions, qui concernent moins de dix salariés sur chaque site, permettront d'alimenter les stations-service des Hauts-de-France, d'Auvergne-Rhône-Alpes et de Bourgogne-Franche-Comté, particulièrement touchées par les pénuries de carburants.
Celles-ci concernaient 28,1% des stations lundi, contre plus de 30% la veille, selon le gouvernement. Mais certaines régions étaient plus fortement touchées comme la Bourgogne Franche-Comté (40,5%)
Dans une station-service à Louveciennes (Yvelines), en banlieue parisienne, il était impossible lundi de prendre du sans-plomb car tout est parti samedi "en trois heures", raconte à l'AFP l'employé de la station.
Ces tensions sur l'approvisionnement sont aggravées par une consommation de carburant en France "supérieure à la consommation normale" en ce moment, selon Agnès Pannier-Runacher, qui avait convié quelques journalistes pour assister au ravitaillement des camions-citernes depuis un dépôt pétrolier du port de Gennevilliers, aux portes de Paris.
- Ristourne prolongée -
Les sites des quatre raffineries TotalEnergies en France (Normandie, Donges, Feyzin, et la bioraffinerie La Mède) étaient touchés par la grève, dans les équipes de raffinage et/ou de dépôt de carburants. Les trois autres raffineries en France fonctionnent.
Des dépôts de carburants, hors des raffineries, sont également en grève, comme le grand dépôt TotalEnergies de Mardyck, près de Dunkerque.
La CGT a refusé de signer l'accord conclu dans la nuit de jeudi à vendredi entre la direction et deux syndicats majoritaires (CFDT et CFE-CGC).
Il prévoit une "enveloppe" globale de hausse des salaires de 7%. S'ajoute une prime d'un mois de salaire, variant de 3.000 à 6.000 euros.
La CGT réclame 10%, correspondant à "l'inflation plus le partage" des bénéfices engrangés par l'entreprise pétrolière.
Selon Benjamin Tange, délégué syndical central du raffinage et de la pétrochimie, "un point sera fait mardi soir avec les syndicats CGT de l’ensemble des sites" bloqués, à l'issue de la journée de mobilisation et de grève interprofessionnelle à laquelle ont aussi appelé FO, Solidaires et la FSU.
En attendant, le prix du carburant continue de monter à la pompe, alors que le gouvernement va prolonger la ristourne de 30 centimes par litre jusqu'à mi-novembre, une mesure qui coûtera 440 millions d'euros selon Bercy. TotalEnergies en fera de même avec sa remise de 20 centimes.
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(O.Joost--BBZ)