Colombie: la Comuna 13, vitrine du nouveau Medellin
Le mot "métamorphose" résume l'histoire de Medellin après les décennies noires de 1970-2000.
La deuxième ville de Colombie offre aujourd'hui le visage d'une cité transformée, pacifiée, dynamique et attractive, et un quartier plus que tout autre symbolise à lui seul cette renaissance: la célèbre Comuna 13.
"Là où régnaient la douleur, la guerre urbaine et les disparitions, sont apparus la joie, la couleur, l'art et le tourisme", s'est réjoui lors d'une récente visite l'ambassadeur de l'Union européenne en Colombie, Gilles Bertrand, louant "la manière dont cette communauté autonome et entreprenante" a pu "transformer sa vie".
Accroché sur les flancs ouest de la ville, la Comuna 13, labyrinthe de maisonnettes de briques rouges, fut l'un des "barrios" les plus violents sous le règne de Pablo Escobar et son cartel, puis lors des nettoyages menés par l'armée alliée aux paramilitaires contre les guérilleros infiltrés.
La "ville de l'éternel printemps" - près de 3 millions d'habitants- a entamé sa mue au début des années 2000, sous l'impulsion des autorités locales.
Le plan des transports a été particulièrement pensé avec deux lignes de métro (le seul du pays) et cinq lignes de télécabines qui ont permis de désenclaver les "barrios", autrefois coupés du coeur de la cité.
Ces incontestables réussites sont allées de pair avec un "boum touristique", nourri par une intelligente campagne de marketing sur le thème de la culture et de la fête.
Couronnée récemment "meilleure nouvelle destination d'Amérique du sud" par les World Travel Awards, la ville natale du sculpteur Botero est désormais la deuxième destination des touristes visitant la Colombie, après Bogota mais devant Cartagène.
- "Sécurité impeccable" -
Nez en l'air et mains dans les poches, des touristes venus du monde entier et débarqués du métro voisin se pressent chaque jour dans la Comuna 13 pour découvrir graffitis, boutiques de mode urbaine et petites échoppes aux balcons tenues par les habitants.
Ils se prennent en photo devant les fresques colorées, des ados à casquette dansent au son du reggaeton, les médiateurs à chasuble de la mairie guident la foule, qui s'arrête ici et là pour contempler la vue sur la vallée ou siroter un verre dans un bar à cocktail.
Pour le proprio de l'étal "Micheladas", avec ses ananas et sa montre flambant or, les affaires marchent. "La sécurité est impeccable ici, ce sont surtout les étrangers qui visitent, et c'est formidable".
Ils ont un vaste choix de visites guidées, organisées par des habitants, autour du street art, la guerre, l'histoire du "barrio", ou l'inévitable Pablo Escobar (qui n'a pourtant pas grand chose à voir avec l'endroit).
Dans les boutiques à souvenirs, le sanguinaire baron de la drogue se décline encore discrètement en t-shirt, briquet ou mug... Ce sont surtout les couleurs de Medellin et de la Colombie heureuse qui y sont à l'affiche désormais.
(G.Gruner--BBZ)