Carburants: la grève continue à TotalEnergies, 27,3% des stations-service encore en difficulté
La grève à TotalEnergies se poursuit samedi dans les raffineries et dépôts, faute d'accord avec la CGT sur des hausses de salaires, entraînant des conséquences toujours importantes sur de nombreux secteurs d'activité affectés par la pénurie de carburants.
Ce sont 27,3% des stations-service qui sont "en difficulté" (rupture d'au moins un produit) samedi matin, a déclaré la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur BFMTV, soit une "légère amélioration" par rapport à la veille (28,5%).
La grève avait été reconduite jusqu'à mardi pour la raffinerie de Normandie située près du Havre, la plus importante de France, et mercredi pour celle de Donges (Loire-Atlantique).
Des livraisons ponctuelles de carburant ont toutefois pu se faire depuis Donges. "Nous avons ouvert ces robinets pour détendre l'atmosphère. L'objectif n'est pas de diviser les Français, de créer des tensions, l'objectif est maintenant de rassembler les Français autour d'une même revendication", a indiqué Fabien Privé Saint-Lanne, secrétaire CGT TotalEnergies.
Des votes pour la poursuite du mouvement ont lieu à chaque relève. "Le mouvement a été reconduit dans les trois établissements" de la Mède (bio-raffinerie dans les Bouches-du-Rhône), de Feyzin (raffinerie dans le Rhône) et de Flandres (dépôt de carburant dans le Nord), a dit samedi matin à l'AFP Eric Sellini, coordinateur CGT pour le groupe.
"A Flandres, ce sont les réquisitions qui touchent le moral des grévistes. S'il n'y a pas de réquisitions ce week-end, ça devrait nous aider", a déclaré Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe.
La préfecture du Nord a confirmé qu'il n'y aurait plus de réquisitions de ce dépôt entre samedi à 14h00 et dimanche à 22h00. Vendredi, la justice avait rejeté le recours en référé-liberté déposé par la CGT contre la réquisition des personnels grévistes de Flandres.
- "Tenir" jusqu'à mardi -
Une marche contre "la vie chère et l'inaction climatique", à l'appel de la Nupes, doit avoir également lieu dimanche.
La grève sur les sites de TotalEnergies est maintenue en dépit de la signature d'un accord sur des augmentations salariales conclu dans la nuit de jeudi à vendredi à TotalEnergies avec deux syndicats majoritaires, la CFDT et la CFE-CGC.
Mais la CGT a claqué la porte des discussions, pas satisfaite de la proposition de la direction après près de trois semaines de grève.
"Compte-tenu de la signature d'un accord majoritaire sur les salaires hier (vendredi), TotalEnergies appelle à la fin de la grève sur l'ensemble de ses sites", a indiqué samedi le groupe à l'AFP.
En revanche, la grève a été levée jeudi et vendredi dans les deux seules raffineries du groupe Esso-ExxonMobil en France, à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) puis à Gravenchon, en Normandie, après la conclusion d'un accord salarial mardi.
Il faudra "deux à trois semaines" pour retrouver une "situation de marche normale" au niveau de la production, a prévenu le groupe.
- Attention aux semis -
Selon elle, "22% des stations-service sont en difficulté dans les Hauts-de-France (contre 25,3% vendredi), 39,9% en Ile-de-France (contre 37% vendredi), 36,4% en Centre Val de Loire (contre 42,2% vendredi)". La ministre s'est voulu rassurante pour les vacances de la Toussaint, ajoutant que les importations pouvaient "suppléer" les raffineries, en plus du déblocage fin septembre de stocks stratégiques. "Notre enjeu, c'est les dépôts" où est stocké le carburant, a-t-elle martelé.
Les pénuries constituent un casse-tête pour nombre de professions, dont les agriculteurs.
"Tous les tracteurs sont à vide. J'ai siphonné le réservoir de ma moissonneuse-batteuse, il restait 3(00) à 400 litres. Ca va me permettre de nourrir mes vaches", a expliqué à l'AFP Luc Smessaert, exploitant près de Beauvais.
"Il faut veiller à ce que (la grève) ne vienne pas trop obérer les activités de semis", a réagi lors de l'inauguration du Salon international de l’alimentation le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, confirmant l'existence de "quelques tensions" dans les Hauts-de-France.
(K.Lüdke--BBZ)