Le ministre britannique des Finances limogé, Liz Truss va s'exprimer
Le ministre britannique des Finances Kwasi Kwarteng a été limogé vendredi, avant une conférence de presse de la Première ministre Liz Truss dans l'après-midi, en pleine crise économique et politique.
M. Kwarteng a confirmé sur Twitter son limogeage annoncé par les médias britanniques.
Dans l’œil du cyclone en raison de son paquet de mesures fiscales controversé, M. Kwarteng affirmait jeudi qu'il serait encore là dans un mois "à 100%".
Dans la foulée de l'annonce par les médias du départ du chancelier de l'Echiquier, la livre sterling a plongé face au dollar en perdant 1,10% à 1,1199 dollar.
Par ailleurs, le gouvernement de Liz Truss va finalement maintenir la hausse de l'impôt sur les sociétés décidée sous Boris Johnson, alors qu'il entendait jusque-là le maintenir au taux de 19%, selon les médias britanniques.
Sur la sellette après seulement 38 jours au pouvoir, la Première ministre va s'exprimer dans un contexte particulièrement tendu. Selon la presse britannique, certains députés de son propre camp sont déjà à la manœuvre pour l'évincer, face à des sondages désastreux qui annoncent une défaite cuisante de la majorité avant les prochaines élections générales prévues en 2024.
M. Kwarteng, qui participait aux réunions annuelles du Fonds monétaire international et de la banque mondiale à Washington, était rentré en urgence à Londres vendredi matin, se rendant peu après à Downing Street.
Après "des réunions fructueuses", il doit "continuer le travail sur le plan budgétaire de moyen terme", avait expliqué un porte-parole du Trésor en début de matinée.
Son plan budgétaire annoncé le 23 septembre et qui prévoit des dizaines de milliards de baisses d'impôts sans financement clair a déstabilisé les marchés, fait chuter la livre et profondément affaibli le gouvernement de Liz Truss.
Vendredi, le président de la commission du Trésor au Parlement Mel Stride a plaidé pour une révision rapide de son "mini-budget".
"Nous avons atteint un stade où nous avons besoin d'un signal très puissant vers les marchés (pour montrer que) la crédibilité budgétaire est fermement de retour", a-t-il déclaré sur la BBC.
"Faites-le maintenant", a-t-il conseillé au ministre des Finances "et assurez-vous que ce soit significatif, ferme, audacieux et convaincant".
La confiance politique est aussi au plus bas.
- "Idée désastreuse" -
Alors que le congrès conservateur avait déjà été marqué au début du mois par les tensions et dissensions internes, certains élus conservateurs évoquent désormais en privé des noms pour remplacer Liz Truss.
Un ticket Rishi Sunak-Penny Mordaunt, deux candidats battus par Mme Truss dans la course à Downing Street, serait évoqué, selon la presse.
M. Sunak, ancien ministre des Finances, était le candidat préféré des députés conservateurs, mais la décision finale revenait aux membres du parti, qui ont élu Mme Truss début septembre, laquelle a ensuite écarté du gouvernement le camp Sunak.
Les Britanniques confrontés ces dernières semaines à des taux d'emprunt immobilier qui montent en flèche, s'ajoutant à une inflation à 10%, perdent confiance et patience.
Cinquante pour cent veulent que le parti conservateur remplace Mme Truss. Près de la moitié (43%) des électeurs ayant voté pour le parti conservateur lors du dernier scrutin veulent aussi un nouveau Premier ministre et 66% pensent que les membres du parti ont fait le mauvais choix, selon un sondage YouGov publié jeudi soir.
Vendredi matin, Downing Street ne semblait prêt à aucune inflexion et le secrétaire d’État au commerce Greg Hands avait affirmé qu'il n'y avait "absolument aucun plan pour changer quoi que ce soit" dans le mini-budget.
"La Première ministre et le ministre des Finances sont absolument déterminés à coller à leur plan de croissance", avait-il affirmé sur la radio LBC.
L'un des responsables de l'opposition travailliste, Ed Miliband, a quant à lui étrillé un "gouvernement qui s'effondre et une politique économique en lambeaux".
"Franchement je pense que le parti conservateur devrait avoir honte de ce qu'il fait subir au pays", a-t-il estimé sur Sky News.
(B.Hartmann--BBZ)