Danone prévoit de céder le contrôle de la plupart de ses activités en Russie
Le géant français de l'agroalimentaire Danone, qui fait partie des quelques multinationales restées en Russie plus de sept mois après l'invasion de l'Ukraine, a annoncé vendredi son intention de céder le contrôle de la majeure partie de ses activités dans le pays.
Le groupe, qui avait dans un premier temps assumé sa présence en Russie dans le but de répondre "aux besoins alimentaires essentiels des populations civiles", prévoit de se désengager de sa filiale "produits laitiers et végétaux", ne conservant que celle, plus réduite, de la nutrition infantile.
Il n'a pas annoncé qui pourrait reprendre à terme les usines et activités russes de cette unité, ni quand exactement.
Danone commercialise en Russie du lait et des yaourts sous les marques Danone, Danissimo ou Prostokvashino. En 2010, le groupe avait acheté 57,5% du numéro deux russe des produits laitiers, Unimilk (21% de parts de marché et 25 usines), avec l'ambition de renforcer sa présence sur ce marché.
Symbole de la fin de la Guerre froide, le groupe français - qui s'appelait alors BSN - a fait partie des premières multinationales à s'installer dans le pays en août 1992, quelques mois après l'effondrement de l'Union soviétique.
Il avait inauguré à l'époque sa première boutique de 200 m2 près de la place Rouge, sur l'avenue Tverskaïa, à Moscou, afin de "faire connaître les produits et la marque aux neuf millions de consommateurs moscovites".
A la Bourse de Paris, l'action Danone progressait de +1,96% vendredi peu avant 11H30, atteignant 48,62 euros dans un marché en hausse de 0,85%. Il s'agissait de la troisième plus forte hausse de l'indice CAC40.
La branche "produits laitiers et végétaux" (lait, yaourts) constitue la majeure partie de l'activité de Danone en Russie, où le groupe pilote 13 usines. Depuis janvier 2022, ce pôle russe "a représenté environ 5% du chiffre d'affaires consolidé" du groupe.
- "Assurer la continuité" -
Le cession annoncée pèsera lourd dans les comptes de Danone: elle pourrait, en effet, "entraîner une dépréciation allant jusqu'à 1 milliard d'euros", souligne le groupe.
En mars, après l'invasion russe de l'Ukraine, Danone avait annoncé le maintien de ses activités en Russie où il emploie 8.000 personnes, "afin de répondre aux besoins alimentaires essentiels des populations civiles", avait précisé son secrétaire général, Laurent Sacchi. Le géant de l'agroalimentaire avait alors aussi "pris la décision de suspendre tout projet d'investissement en Russie".
Danone conservera en Russie les activités de sa branche "nutrition spécialisée", qui produit en particulier du lait infantile (Blédina, Aptamil).
L'unité "produits laitiers et d'origine végétale" est la plus grande de Danone au niveau mondial, avec 7 milliards d'euros de ventes au premier semestre 2022, en hausse de 10,2% par rapport à la même période de 2021.
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie le 24 février et les premières sanctions économiques décidées par les Occidentaux, de nombreuses multinationales ont quitté la Russie, d'autres y ont suspendu leurs activités, dans les secteurs du pétrole, de l'automobile ou encore du luxe.
D'autres enfin comme Danone ou Auchan, qui ont lourdement investi en Russie, se sont montrés plus hésitants.
"Nous avons une responsabilité envers les personnes que nous nourrissons, les agriculteurs qui nous fournissent du lait et les dizaines de milliers de personnes qui dépendent de nous", s'était défendu en mars le patron de Danone, Antoine de Saint-Affrique, dans une interview au Financial Times.
Dès le mois de juillet, le groupe français évoquait toutefois des conditions opérationnelles "extrêmement tendues en Russie et en Ukraine".
Il estime aujourd'hui que ce désengagement est la "meilleure option pour assurer la continuité" de cette activité auprès de ses salariés, partenaires et consommateurs. L'opération sera soumise à l'approbation des autorités compétentes.
(T.Renner--BBZ)