Braun lance la grande consultation du CNR santé
Un mois après le lancement du Conseil national de la refondation, le ministre de la Santé François Braun a donné le coup d'envoi de son premier volet thématique, avec l'objectif fixé par Emmanuel Macron de répondre au "défi de l'accès aux soins".
L'heure est venue d'opérer. "Le diagnostic, on le connaît, il est partagé", a lancé le Dr Braun, en ouvrant lundi au Mans les débats de ce "CNR santé". Une grande consultation impliquant soignants, élus locaux et usagers du système de santé, invités à "discuter librement sur les solutions, pas sur les problèmes".
Les urgences sont nombreuses, entre d'une part "des citoyens qui ont du mal à obtenir des rendez-vous, ou à trouver un médecin traitant" --6 millions environ sont dans ce cas, dont 600.000 atteints de maladies chroniques-- et d'autre part des professionnels de santé "épuisés après deux ans de crise sanitaire" et qui ont eux aussi "du mal à trouver du sens à leurs métiers", a-t-il constaté.
Des symptômes qui attestent de l'urgence du traitement, qui ne se fera "pas depuis l'avenue de Ségur", a affirmé le ministre, répétant une de ses formules fétiches: "Les problèmes sont dans les territoires, les solutions aussi".
Le choix de la Sarthe, département devenu l'emblème des déserts médicaux, pour ce premier raout, n'est ainsi pas innocent, même si "les problèmes de la Sarthe sont spécifiques", a-t-il souligné, de même que ceux de "l'est de la Moselle" où il a longtemps exercé comme urgentiste, ou encore ceux du Hâvre, ville de sa ministre déléguée Agnès Firmin Le Bodo, présente à ses côtés.
Accueilli par le maire du Mans, Stéphane Le Foll, qui a souhaité "que tout ce qui permet les initiatives locales soit encouragé et aidé", le ministre a promis des discussions "sur la place des élus" et "l'attractivité des territoires".
- "Réponses à très court terme" -
"Les élus ont un rôle central à jouer", a renchéri Agnès Firmin Le Bodo, dans son rôle de ministre en charge de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, vantant la qualité de "relais clé" de ces "maillons essentiels".
A l'orée de débats potentiellement clivants sur les gardes ou l'installation des médecins, "il nous faut maintenant aller au-delà des postures et travailler main dans la main", a-t-elle cependant averti.
"Les Français attendent de nous des réponses à très court terme pour l'égal accès la santé", alors que "les délais d'attente ne cessent de s'allonger", a ajouté la ministre. Face à des "défis historiques", le gouvernement entend "accélérer" sur la base des "réformes engagées sous le quinquennat précédent": multiplication des maisons de santé (plus de 2.000 à ce jour) et des "communautés professionnelles territoriales de santé" (300 en fonctionnement, 200 autres en projet), extension du "service d'accès aux soins" (actif dans une vingtaine de départements).
Mais "même si nous sommes au Mans, 24 heures ne suffiront pas", a-t-elle dit. L'exécutif semble toutefois vouloir avancer vite: François Braun a ainsi indiqué précédemment que le budget 2023 de la Sécu, examiné la semaine prochaine à l'Assemblée, aura "vocation à être enrichi par les propositions issues du CNR santé" --une instance "complémentaire" de "la démocratie parlementaire", a-t-il assuré.
Dans son discours de clôture attendu vers 16H00, le ministre de la Santé devrait selon son entourage "engager la dynamique et préciser le calendrier", mais aussi expliquer comment il compte relever "le défi de l'accès aux soins", placé "au coeur de l'enjeu" par le président de la République.
Un chef de l'Etat qui a par ailleurs appelé lundi les Français à participer au CNR, dans les débats à venir ou via la plateforme conseil-refondation.fr, afin de "transformer" le pays "envers et contre tous les blocages".
(F.Schuster--BBZ)