L'après-San Siro prend forme, le projet de nouveau stade soumis aux Milanais
Les jours de l'imposant San Siro sont comptés: une étape cruciale vers le futur stade de l'Inter et de l'AC Milan a débuté mercredi dans la cité lombarde avec une première réunion publique présentant le projet.
Ce rendez-vous est le premier d'une série de 13 réunions ouvertes au public que les deux clubs milanais vont organiser d'ici au 18 novembre. Un site web permet également aux habitants et supporters de donner leur avis et faire des suggestions.
L'Inter Milan et l'AC Milan, géants du foot italien et européen, insistent tous deux depuis de longues années sur le fait qu'ils ne peuvent plus rester dans le vieillissant stade Giuseppe Meazza, propriété de la ville, dans le quartier de San Siro.
Les deux clubs, qui affirment ne pas avoir les moyens de construire deux nouveaux stades séparés, ont besoin des revenus supplémentaires que ce projet leur apporterait.
- Stade de 60.000 places -
Si l'antre actuel de San Siro impressionne par sa hauteur et sa résonance, le nouveau stade sera plus modeste passant de 80.000 à 60.000 places, sur deux anneaux contre trois actuellement. Des installations sportives et de loisirs verront également le jour à côté de la nouvelle enceinte, édifiée à l'ouest du quartier de San Siro en lieu et place d'un parking et d'un parc.
Les deux clubs espèrent faire leur entrée dans leur nouvel outil de travail en septembre 2027.
L'ancien San Siro accueillera lui la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'hiver 2026 avant d'être détruit et remplacé par un parc et un complexe comprenant centre commercial, centre de conventions et cité du sport.
Les deux clubs investiront conjointement 1,3 milliard d'euros dans ce projet, qui devrait, s'il se concrétise, être totalement achevé en 2030.
Plus de trois ans après la présentation du projet initial, le public va maintenant pouvoir l'examiner de près et donner son avis lors des réunions publiques. Un rapport sera ensuite présenté à la municipalité. La mairie de Milan pourra alors décider d'approuver le projet ou d'y apporter de nouveaux changements, à l'image des 50.000 mètres carrés supprimés depuis la toute première version.
- Spéculation immobilière -
Ces futures installations et la destruction du monumental San Siro ont suscité l'ire de certains habitants de Milan et d'une bonne partie du conseil municipal, mécontent notamment de l'octroi de terrains publics à des investisseurs privés.
D'autres critiques portent sur la réduction significative du nombre de sièges, dont plus de 10.000 seraient, qui plus est, réservés à l'hospitalité (VIP, entreprises, sponsors).
Parfois clairsemé lors des années 2010, dominées par la Juventus, San Siro attire à nouveau régulièrement plus de 70.000 spectateurs. Une fréquentation portée par le retour des supporters dans les stades après la pandémie de Covid et le retour en grâce des deux clubs milanais, sacrés champions d'Italie ces deux dernières années.
Certains groupes font pression pour que le stade actuel soit rénové, balayant les affirmations de l'administrateur délégué de l'AC Milan, Paolo Scaroni, qui a déclaré mardi qu'il serait "impossible et dangereux de faire entrer 50.000 supporters sur un chantier", citant le réaménagement de San Siro avant la Coupe du monde 1990.
- Une zone en difficulté -
Cet été, une source à la direction de l'Inter déclarait à l'AFP que tout nouvel obstacle administratif conduirait les deux clubs à annuler le projet dans son ensemble, y compris la destruction de Giuseppe Meazza, et à aller construire un nouveau stade sur le site d'une ancienne usine à Sesto San Giovanni, une ville située juste à l'extérieur de Milan et desservie par le métro de la ville.
Si cette option était retenue par les deux clubs phares de la ville, Milan se retrouverait avec un stade de football sans club résident. Ce qui aurait aussi un impact sur les quartiers environnants, déjà socialement fragilisés.
À deux arrêts de la ligne de métro qui conduit les supporters à San Siro, se trouve le Piazzale Segesta, qui borde l'une des nombreuses cités HLM difficiles du secteur. Laura Guardini, ancienne journaliste au quotidien Corriere Della Sera et bénévole dans une association de quartier, affirme que sur les 6.000 logements de la cité, un millier sont squattés, souvent par des personnes impliquées dans le trafic de drogue et d'autres activités criminelles.
Laura Mariani, enseignante dans une école de langues, espère que le Milan AC et l'Inter parviendront à faire approuver le projet. "J'espère que les clubs réussiront à le construire", dit-elle. "Parce que s'ils partent, ce serait un désastre pour cette zone."
(Y.Berger--BBZ)