L'Irlande va dédier 11 milliards d'euros en 2023 pour la crise du coût de la vie
Le gouvernement irlandais a dévoilé mardi son budget 2023, qui consacre 11 milliards d'euros, plus de 10% du total, aux mesures contre la crise du coût de la vie, et en particulier l'envolée des prix l'énergie.
En plus d'aides déjà mises sur la table cet été et chiffrées à 6,9 milliards d'euros, le ministre des Finances de la coalition tripartite au pouvoir en Irlande, Paschal Donohoe, a annoncé 4,1 milliards de dépenses supplémentaires et ponctuelles.
Brexit, Covid et maintenant guerre en Ukraine: "les risques et les défis imprévus deviennent de plus en plus fréquents", a-t-il assuré devant les députés irlandais du Dail, la chambre basse du Parlement.
Le conflit "a envoyé des ondes de choc dans toute l'économie mondiale et cela se voit particulièrement sur les marchés de l'énergie et des matières premières".
Le budget prévoit notamment 600 euros de crédits énergie pour les ménages, une hausse à 40.000 euros du seuil de revenus auquel s'applique le taux d'imposition le plus élevé ou encore des aides aux factures énergétiques des entreprises, dans la limite de 10.000 euros par mois et par société.
Le financement de ces dépenses sera aidé par une hausses des recettes fiscales, chiffrée à 10 milliards d'euros sur un an pour la seule période de janvier à fin août 2022, tirées surtout par l'impôt sur les sociétés, à précisé le ministre des Finances.
Le pays, doté d'une fiscalité avantageuse pour les entreprises, abrite notamment le siège européen de nombreuses multinationales de technologie comme Apple, Google ou la maison mère de Facebook, Meta, qui dopent les recettes fiscales du pays.
Le gouvernement irlandais mettra aussi de côté une partie des excédents budgétaires pour faire face aux incertitudes futures: deux milliards d'euros au titre de 2022 et quatre milliards prévus pour l'an prochain.
L'urgence à agir face à l'inflation et ses conséquences sur les ménages et les entreprises avait poussé le ministre des Finances à anticiper sa présentation par rapport à la date limite fixée en octobre.
L'inflation atteignait encore 8,7% en août en Irlande, qui pâtit comme ailleurs en Europe des conséquences de la guerre en Ukraine, et les factures d'électricité et de gaz doivent augmenter fortement le 1er octobre.
"Nous devons nous assurer que nous permettons aux gens de traverser l'hiver malgré cette crise sans précédent, mais aussi que nous avons les réserves nécessaires pour traverser l'intégralité de 2023", a déclaré mardi, avant l'annonce budgétaire, le Premier ministre irlandais Micheal Martin.
Le gouvernement irlandais compte aussi mettre en place une taxe exceptionnelle sur les groupes énergétiques, à l'instar de plusieurs autres États européens, mais cette mesure n'a pas été inscrite au budget mardi, contrairement à ce que l'exécutif avait laissé entendre.
"Il n'est pas juste que les entreprises tirent des bénéfices excessifs de la volatilité actuelle du marché", a déclaré M. Donohoe. Dublin veut s'inscrire dans un mécanisme coordonné à l'échelle de l'UE, mais "si cela n'est pas possible, ce gouvernement proposera ses propres mesures", a-t-il prévenu.
(B.Hartmann--BBZ)