Wall Street finit en forte baisse, le Dow Jones au plus bas de l'année en clôture
La Bourse de New York a terminé en forte baisse vendredi entraînée par l'angoisse d'une récession causée par le resserrement monétaire brutal en cours.
Le Dow Jones a établi un nouveau record à la baisse en clôture cette année, en repli de 1,62%. Il n'avait plus achevé une séance aussi bas depuis novembre 2020. Quant à l'indice Nasdaq, il a perdu 1,80%, alors que l'indice élargi S&P 500 a lâché 1,72%.
"Le marché prend enfin la Fed (banque centrale américaine) au mot: ils vont provoquer une récession pour combattre l'inflation", a commenté Chris Zaccarelli, d'Independent Advisor Alliance. "C'est une mauvaise nouvelle pour les marchés, et pire encore pour les travailleurs et l'économie."
Les investisseurs ont ainsi continué de réagir à la communication de la Fed, qui a relevé son taux de 0,75 point de pourcentage mercredi mais aussi signalé qu'elle s'attendait à ce qu'il monte plus haut, et pour plus longtemps, que ne le prévoyait Wall Street.
Vendredi, le marché a choisi de "vendre maintenant et de poser des questions plus tard", a résumé Quincy Krosby, de LPL Financial. "On opte pour le cash, car la volatilité et l'incertitude grimpent."
L'indice VIX, qui mesure la volatilité du marché, s'est ainsi élevé au plus haut depuis plus de trois mois.
Si les trois indices vedettes de Wall Street ont fini un peu plus haut que leurs plus faibles niveaux de l'année en séance, "il semble qu'ils veuillent aller plus bas, jusqu'au point où tous les vents contraires seront intégrés", selon Quincy Krosby.
La coloration de la séance n'a pas été améliorée, au contraire, par la publication de l'indice PMI, qui a montré un net rebond de l'activité aux Etats-Unis en septembre.
"Chaque fois qu'on a un indicateur meilleur qu'attendu, les traders anticipent que cela va autoriser la Fed à être encore plus agressive sur les taux", selon Edward Moya, d'Oanda.
L'humeur est d'autant plus sombre qu'aucun indicateur majeur n'est attendu avant vendredi prochain et l'indice des prix PCE, dont la portée est relativisée par le fait qu'il est tardif et ne porte pas sur septembre, mais sur août.
Des centaines de valeurs ont atteint vendredi leur plus bas niveau de l'année. Le secteur technologique a été particulièrement touché, à l'image de Dell (-2,09%), HP (-1,40%), Intel (-1,96%) ou Nvidia (-0,36%), qui a perdu quasiment les deux tiers de sa capitalisation en un an.
Mais la bérézina n'a pas été limitée à la tech, et plusieurs poids lourds de la "vieille" économie ont aussi visité des profondeurs inédites depuis au moins la même époque l'an dernier, du groupe chimique Dow (-1,94%) au conglomérat 3M (-1,01%), en passant par Visa (-0,98%), l'opérateur de télécommunications AT&T (-1,42%) ou Nike (-1,55%).
Egalement au plus bas de l'année, le groupe de messageries FedEx (-3,37% à 149,33 dollars), qui a publié des résultats très inférieurs aux attentes du marché, une semaine après une première communication anticipée. Le groupe a annoncé un plan d'économie de 2,2 à 2,7 millions de dollars en rythme annuel et une augmentation de ses tarifs d'au moins 6,9% en moyenne au 1er janvier prochain.
Boeing a été cloué au sol (-5,37% à 131,26 dollars) après l'annonce, jeudi après Bourse, d'un accord amiable avec le régulateur américain des marchés, la SEC, qui accusait l'avionneur d'avoir menti sur les risques que présentait son appareil 737 MAX. La transaction prévoit le versement d'une indemnité de 200 millions de dollars.
La chaîne de supermarchés de semi-gros Costco a été boudée (-4,26% à 466,40 dollars) malgré la publication d'un bénéfice trimestriel supérieur aux attentes. Le groupe a vu le coût de ses marchandises augmenter plus vite que son chiffre d'affaires.
Le marché obligataire a évolué en ordre dispersé. Si le taux américain à 2 ans a encore monté, jusqu'à 4,26%, le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans s'est lui détendu, à 3,68%, contre 3,71% la veille.
"Tant que le taux à 10 ans baisse, le marché devrait rester stable", a fait valoir Jack Ablin de Cresset Capital. La contraction de ce taux traduit, en effet, les anticipations d'une récession à moyen terme, et contribuerait à limiter le durcissement des conditions de crédit aux Etats-Unis, ce qui serait favorable à l'économie et aux marchés actions.
(L.Kaufmann--BBZ)