Wall Street ouvre en baisse, proche de ses plus bas de l'année
Wall Street a ouvert en baisse vendredi, à l'issue d'une nouvelle semaine catastrophique qui a mené les indices tout près de leurs plus bas niveaux de l'année, sur un marché déprimé par la tonalité encore plus dure que prévu de la banque centrale américaine (Fed), mercredi.
Vers 14H05 GMT, le Dow Jones perdait 1,36%, l'indice Nasdaq cédait 2,00%, et l'indice S&P 500 abandonnait 1,73%.
Après trois séances de baisse consécutives, la place new-yorkaise a encore eu droit à une "affreuse ouverture", selon l'expression de Peter Cardillo, de Spartan Capital.
"Les indices sont prêts à aller vers leurs plus bas niveaux depuis un an, entraînés par la peur de taux d'intérêt plus élevés et, bien sûr, d'une Fed qui pourrait aller trop loin dans son resserrement monétaire", a expliqué l'analyste.
Le S&P 500 est, en effet, à moins de 100 points de son plancher des 52 dernières semaines, qui remonte à mi-juin.
Après un rebond estival, les indices ont encaissé trois revers, avec le discours volontariste du président de la Fed Jerome Powell fin août, un indice d'inflation CPI plus mauvais qu'attendu début septembre, et la communication de la Fed mercredi.
"La question, c'est de savoir si on franchit ces seuils", a résumé Peter Cardillo. "Je m'attends à ce qu'on rebondisse dessus."
Les analystes de Goldman Sachs ont nettement abaissé leurs prévisions pour le S&P 500 et voient désormais l'indice élargi à 3.600 points en fin d'année, contre 4.300 jusqu'ici. Il évoluait légèrement en-dessous de 3.700 points vendredi.
Après une ascension échevelée depuis le début de la semaine, les taux obligataires se stabilisaient vendredi. Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans se détentait légèrement, à 3,70%, contre 3,71% la veille.
"Le marché obligataire est désordonné, ce qui crée une situation compliquée pour le marché actions", selon Patrick O'Hare, de Briefing.com. "Mais ce n'est pas exclusif aux Etats-Unis. Les choses sont agitées ailleurs aussi", les banques centrales du monde entier augmentant leurs taux à marche forcée.
Malgré la pause du marché obligataire vendredi, de nombreuses valeurs sont tombées vendredi à leur plus bas niveau en au moins un an, en particulier dans le secteur de la technologie, particulièrement touché par l'envolée des taux, qui durcit les conditions de financement de leur croissance.
Parmi elles, Dell (-1,57%), HP (-1,93%), Intel (-1,98%), Micron (-1,16%) ou Nvidia (-2,10%), qui a perdu quasiment les deux tiers de sa capitalisation en un an.
Mais la bérézina n'était pas limitée qu'à la tech, et plusieurs poids lourds de la "vieille" économie étaient aussi au plus bas depuis au moins la même époque l'an dernier, du groupe chimique Dow (-2,99%) au conglomérat 3M (-0,52%), en passant par Visa (-1,20%), l'opérateur de télé communications AT&T (-1,39%) ou Nike (-2,05%).
L'humeur est d'autant plus sombre que rien ne semble à même de réorienter Wall Street à court terme, en attendant la publication de l'indice de prix PCE, pour août, vendredi prochain.
Ailleurs à la cote, Boeing était cloué au sol (-4,20% à 132,89 dollars) après l'annonce, jeudi après Bourse, d'un accord amiable avec le régulateur américain des marchés, la SEC, qui accusait l'avionneur d'avoir menti sur les risques que présentait son appareil 737 MAX. La transaction prévoit le versement d'une indemnité de 200 millions de dollars.
FedEx faisait de nouveau marche arrière (-2,73% à 150,32 dollars) après avoir publié des résultats très inférieurs aux attentes du marché, une semaine après une première communication anticipée. Le groupe a annoncé un plan d'économie de 2,2 à 2,7 millions de dollars en rythme annuel et une augmentation de ses tarifs d'au moins 6,9% en moyenne au 1er janvier prochain.
La chaîne de supermarchés de semi-gros Costco était boudée (-2,31% à 475,93 dollars) malgré la publication d'un bénéfice trimestriel supérieur aux attentes. Le groupe a vu le coût de ses marchandises augmenter plus vite que son chiffre d'affaires.
(B.Hartmann--BBZ)