NBA: Robert Sarver, accusé de racisme et de misogynie, va lâcher les Suns
Dans une situation intenable, Robert Sarver, dont le départ est réclamé par de nombreuses voix jugeant insuffisante sa suspension d'un an par la NBA pour comportements racistes et misogynes, va vendre la franchise des Phoenix Suns, qui ne manquera pas de candidats à sa reprise.
Sous pression de toutes parts - joueurs, officiels, dirigeants, partenaires - à moins d'un mois du début de la saison, Sarver a fini par céder, non sans exprimer son amertume dans un communiqué publié mercredi.
"Des mots que je regrette profondément éclipsent à présent près de deux décennies de construction d'une organisation qui a rassemblé les gens - et renforcé la région de Phoenix - grâce au pouvoir unificateur du basket", a d'abord déploré le futur-ex propriétaire d'une franchise qui inclut aussi l'équipe féminine du Mercury évoluant en WNBA.
"Je m'attendais à ce que la suspension d'un an me donne le temps de faire amende honorable et d'éloigner la controverse (...) Mais dans le climat impitoyable qui règne actuellement, il est devenu clair que ce n'est plus possible, que tout le bien que j'ai fait, ou que je pourrais encore faire, est dépassé par des choses que j'ai dites par le passé", a-t-il poursuivi.
"Pour ces raisons, j'ai entamé le processus de recherche d'acheteurs pour les Suns et le Mercury", a-t-il conclu.
- Soulagement -
Sarver a été accusé de comportements racistes, misogynes et sexistes dans une enquête diffusée en novembre 2021, menée par le géant des médias sportifs ESPN, étayée par les témoignages de plus de 70 employés de la franchise.
Mandatée après coup par la NBA, une commission d'enquête indépendante a établi que le dirigeant avait "clairement enfreint" les règles de bonne conduite. Il avait notamment prononcé au moins cinq fois le mot "nè***", mais aussi dit à l'une de ses employées, alors enceinte, qu'elle ne pourrait plus faire son travail correctement si elle devenait mère. Il lui est aussi reproché d'avoir eu une attitude relevant du harcèlement, d'user d'un langage sexuellement connoté et d'avoir dit des "mots ne tenant pas compte des sensibilités raciales", selon les conclusions.
Un soulagement généralisé prédomine après la décision prise par Sarver.
Des employés de la franchise, d'abord. "On peut avancer sans la peine et l'anxiété suscitées par son leadership", a confié l'un d'entre-eux à ESPN.
Du groupe Suns Legacy Partners, ensuite, qui gère les deux équipes, pour qui cette décision était "dans le meilleur intérêt de l'organisation". Et de saluer "le courage des personnes qui se sont manifestées" avec lesquelles "il reste du travail à faire et des relations à reconstruire".
De la NBA, enfin, et de son patron Adam Silver, sous le feu des critiques en raison de sa sanction prise, jugée insuffisante, lui qui n'avait pas hésité en 2014 à bannir à vie Donald Sterling, l'ancien propriétaire des Los Angeles Clippers, après la publication d'enregistrements privés dans lesquels ce dernier tenait des propos racistes. Il avait ensuite dû vendre sa franchise et verser une amende de 2,5 millions de dollars.
- "Examen de conscience" -
"Je soutiens pleinement la décision de Robert Sarver de vendre les Suns et le Mercury. C'est la prochaine étape qui convient pour le club et la communauté", a-t-il laconiquement réagi.
Figure du mouvement des droits civiques aux Etats-Unis, le révérend Al Sharpton n'a pas manqué de mettre la NBA face à ses responsabilités: La ligue doit encore faire son "examen de conscience" pour mieux s'engager à "éradiquer le racisme, la misogynie et la haine".
LeBron James, monté le premier au créneau pour dire que la Ligue s'était "trompée", à propos de la suspension d'un an, assortie d'une amende de 10 millions de dollars, s'est en revanche cette fois dit "très fier de faire partie d'une ligue engagée dans le progrès !".
D'autres voix s'étaient également élevées contre la sanction de la NBA. La star des Suns Chris Paul, le vice-président des Suns, Jahm Najafi, qui a réclamé le départ de Sarver, la directrice exécutive du syndicat des joueurs (NBPA) Tamika Tremaglio, estimant qu'il ne devrait "plus jamais occuper de poste de direction" après sa conduite "horrible". Le sponsor PayPal a menacé de mettre fin à son partenariat avec la franchise.
Franchise dont Sarver fit l'acquisition en 2004 pour 401 millions de dollars, en tant qu'actionnaire principal, à hauteur de 30%. Celle-ci est aujourd'hui valorisée à 1,92 milliard de dollars par la média spécialisé Sportico, qui la classe au 18e rang des 30 clubs composant la NBA. Et son attractivité ne fait guère de doute aux yeux de nombreux observateurs.
(T.Burkhard--BBZ)