Wall Street termine en baisse, préoccupée par les taux et la Fed
La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, sur un marché inquiet de la remontée mondiale des taux, de la décision de politique monétaire de la banque centrale américaine (Fed) attendue pour mercredi, et de leur impact sur la conjoncture économique.
Le Dow Jones a perdu 1,01%, l'indice Nasdaq a abandonné 0,95% et l'indice élargi S&P 500, 1,13%.
Pour les analystes de Briefing.com, "le facteur le plus important" dans l'orientation de la séance aura été la poursuite de la remontée des taux obligataires.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans s'est envolé jusqu'à 3,60%, une première depuis avril 2011.
Le taux à 2 ans, plus représentatif des anticipations du marché en matière de politique monétaire, a lui frôlé 4% (3,98%), un seuil qu'il n'a plus franchi depuis près de 15 ans.
Cette escalade des taux fait de l'ombre aux valeurs technologiques, exposées à un durcissement des conditions de financement, dont elles dépendent pour alimenter leur croissance. Amazon (-1,98%) et Alphabet (-1,95%) en ont fait les frais.
Apple a lui tiré son épingle du jeu (+1,57% à 156,90 dollars), les analystes de Wedbush Securities faisant état du rythme "rapide" des ventes du nouvel iPhone 14, arrivé sur le marché en fin de semaine dernière. Le groupe a aussi bénéficié de l'annonce d'une hausse de ses prix dans plusieurs pays d'Asie et d'Europe.
"Le marché est en position d'attente", a commenté Adam Sarhan, de 50 Park Investments. "Il patiente avant de voir ce que va faire la Fed", qui doit annoncer sa décision de politique monétaire mercredi, à l'issue d'une réunion de deux jours.
Les opérateurs tablent majoritairement sur un relèvement de 0,75 point de pourcentage du taux directeur de l'institution, qui le porterait à une fourchette de 3% à 3,25%.
Les investisseurs redoutent que le volontarisme de la Fed dans sa lutte contre l'inflation ne précipite l'économie américaine dans une récession.
Parmi les quelques indicateurs macroéconomiques du jour, les opérateurs ont relevé que les permis de construire avaient nettement ralenti aux Etats-Unis en août.
L'humeur a encore été assombrie par l'avertissement de Ford, qui avait signalé lundi, après Bourse, que ses résultats du troisième trimestre devraient souffrir d'une augmentation de ses coûts d'un milliard de dollars.
Le constructeur a néanmoins confirmé sa prévision de résultat net avant impôt et intérêts sur l'ensemble de l'exercice.
La réaction brutale de la place new-yorkaise (le titre a perdu 12,32%), alors que les analystes étaient plutôt mesurés quant à cette annonce, témoigne de l'extréme nervosité de Wall Street.
Vendredi, le groupe de messageries FedEx (-3,38% à 157,40 dollars) avait déjà publié, de façon anticipée, des résultats inférieurs aux attentes, évoquant un ralentissement de ses volumes partout dans le monde.
"Cela change la dynamique" en matière de résultats et de prévisions du marché, a expliqué Adam Sarhan. "Le marché cherche des nouvelles de nature à le soutenir et il a bien du mal" à en trouver, selon lui.
A la cote, le spécialiste de la technologie appliquée au secteur de la santé Change Healthcare a bondi (+6,44% à 27,11 dollars) après la validation, par un juge fédéral de Washington, de son rachat par UnitedHealth (-0,14% à 522,80 dollars), que le ministère américain de la Justice voulait empêcher par crainte d'une distorsion de concurrence.
L'avertissement de Ford a pesé sur son grand rival General Motors (-5,63% à 39,06 dollars), bien que ce dernier ait annoncé mardi une commande de 175.000 de ses véhicules électriques émanant du loueur de voitures Hertz.
L'équipementier sportif Nike a reculé (-4,47% à 102,42 dollars) après un abaissement de recommandation des analystes de Barclays, évoquant des stocks trop élevés et un ralentissement de la demande en Chine.
Le temps est resté à l'orage pour l'univers des cryptomonnaies, dans ce contexte de prudence généralisée, et Coinbase (-2,85%), Block (-3,52%) ou Riot Blockchain (-4,60%) ont tous reculé
(K.Lüdke--BBZ)