Wall Street ouvre en baisse, angoissée par la remontée des taux
La Bourse de New York a ouvert en baisse lundi, l'oeil sur les taux obligataires qui continuent de grimper, avant la réunion de la banque centrale américaine (Fed), mardi et mercredi, qui devrait déboucher sur une nouvelle hausse de taux marquée.
Vers 14H00 GMT, le Dow Jones perdait 0,35%, l'indice Nasdaq abandonnait 0,37%, et l'indice élargi S&P 500, 0,41%.
"Le marché est tourmenté par les mêmes questions qui lui ont valu des problèmes la semaine dernière", a commenté Patrick O'Hare, de Briefing.com, dans une note. "Les taux montent, avec les inquiétudes de les voir mener à un atterrissage brutal de l'économie, ce qui réduirait grandement les perspectives de résultats" des entreprises.
Le rendement des emprunts d'Etat américains à 10 ans ressortait lundi à 3,49%, contre 3,44% vendredi.
Plus encore que la référence à 10 ans, "tout semble évoluer au diapason du taux à 2 ans, qui suit l'interprétation (des investisseurs) de la direction que prend la Fed", a expliqué Art Hogan, de B. Riley Wealth Management.
Ce taux à 2 ans s'affichait à 3,95%, contre 3,86% vendredi, son plus haut niveau depuis près de 15 ans (novembre 2007).
Alors qu'il y a un mois seulement, les opérateurs tablaient sur un pic de la Fed à 3,75%, voire 4%, le scénario privilégié est désormais celui d'un taux directeur à 4,50%, voire 4,75% en haut de cycle.
"On en saura beaucoup plus sur la trajectoire de la politique monétaire après la réunion de la Fed", a souligné Art Hogan.
Le consensus s'est fait autour d'un nouveau relèvement de 0,75 point de pourcentage mercredi, qui serait le troisième d'affilée après juin et juillet et porterait le taux directeur à une fourchette allant de 3% à 3,25%.
"En attendant, les investisseurs vont rester prudents", prévient Art Hogan, pour qui la décision de la Fed ne devrait pas sortir le marché de sa déprime.
"Malheureusement, les seuls catalyseurs qui peuvent vraiment le faire bouger de façon constructive sont liés à l'inflation", fait-il valoir, "et nous allons devoir attendre quasiment un mois avant d'avoir les prochains CPI et PPI", du nom des indices de prix majeurs aux Etats-Unis.
D'ici là, les indices pourraient continuer à s'enfoncer, quitte à tester les plus bas de l'année, qui datent de mi-juin, selon Art Hogan.
Pris dans ce climat d'attentisme et d'aversion au risque, avant la réunion de la Fed, indices et valeurs évoluaient dans des marges étroites.
Toujours asphyxié par la remontée des taux, le secteur technologique continuait à souffrir, à l'image d'Alphabet, la maison-mère de Google (-0,57%), et de Microsoft (-0,40%).
Le géant des logiciels de création Adobe restait mal orienté (-1,81% à 294,07 dollars), une partie du marché estimant trop élevé le prix proposé pour le rachat de la plateforme de design collaboratif Figma, 20 milliards de dollars.
Egalement affecté par la préférence pour les actifs jugés sûrs, le secteur des cryptomonnaies était à la peine, et Coinbase (-4,92%), Applied Blockchain (-9,07%) et Robinhood (-2,93%) en faisaient les frais.
Les valeurs pétrolières reculaient, suivant le même chemin que les cours de l'or noir, en net repli lundi. ExxonMobil (-0,63%), Marathon Oil (-1,83%) et ConocoPhillips (-1,27%) partaient tous dans le rouge.
(O.Joost--BBZ)