Climat: l'UE va miser sur les techniques "génomiques" pour adapter son agriculture
Les ministres de l'Agriculture de l'UE ont réclamé vendredi l'adaptation rapide du cadre réglementaire européen sur les OGM pour encourager les biotechnologies rendant les cultures plus résistantes face au changement climatique, Bruxelles leur promettant de proposer une modification dès 2023.
Un rapport de la Commission européenne, en avril 2021, recommandait de modifier les règles drastiques encadrant les OGM, les jugeant "inadaptées" aux techniques d'édition du génome, qui permettent de développer des variétés de semences résistantes à certains herbicides ou à la sécheresse. De telles variétés sont cultivées à titre expérimental, mais ne peuvent être commercialisées.
Lors d'une réunion à Prague, placée sous le signe d'un hommage à la figure tchèque Gregor Mendel, père de la génétique moderne, les ministres ont appelé à faire de ces biotechnologies un outil pour affronter le changement climatique.
"Les techniques d'édition génomique sont un magnifique instrument pour faire en sorte que les cultures aient besoin de moins d'eau, de moins de produits phytosanitaires et d'engrais, qu'elles soient plus résistantes", a lancé le ministre espagnol, Luis Planas Puchades.
"Dès lors que ces +nouvelles techniques génomiques+ permettent d'assurer la transition agro-écologique et de faire face au dérèglement climatique, c'est une voie qu'il faut explorer", a abondé son homologue français, Marc Fesneau.
Pour autant, certains Etats disent être vigilants à ce que ce nouveau cadre ne marque pas d'assouplissement pour les OGM (organismes génétiquement modifiés).
"La Slovaquie est opposée aux OGM, l'agriculture européenne n'en a pas besoin. Par contre, nous sommes ouverts aux nouvelles méthode de sélection (génomique) parce qu'on est bien conscient qu'il faut améliorer les variétés face au climat. Nous voulons discuter des options possibles", a souligné le ministre slovaque Samuel Vlcan.
"Nous ne voulons pas des OGM, mais là, nous parlons d'édition génomique: il faut une approche prudente qui s'apparente le plus possible aux méthodes traditionnelles de sélection (...) Il faut développer des variétés plus résistantes à la sécheresse, au gel, aux nuisibles", a insisté le ministre tchèque Zdenek Nekula, tout en exigeant "une analyse exhaustive" avant toute décision.
Le commissaire à l'Agriculture, Janusz Wojciechowski, a promis de soumettre aux Etats une proposition législative "au deuxième trimestre 2023".
"Sur le long terme, nous devons rendre nos cultures plus résistantes. Les ministres ont complètement approuvé cette approche, il n'y a pas de controverses sur la direction prise vers les techniques génomiques", a-t-il assuré.
"Notre proposition sera basée sur une solide étude d'impact. Nous devons faire extrêmement attention à écarter tout danger pour la santé publique, l'environnement et les intérêts économiques des agriculteurs. Par exemple, il faudra préserver l'agriculture biologique de tout impact négatif", a néanmoins insisté M. Wojciechowski.
(S.G.Stein--BBZ)