Charles III à Cardiff, jusqu'à 14 heures d'attente pour voir le cercueil de la reine à Londres
eCharles III a achevé vendredi à Cardiff sa tournée de nouveau roi dans le pays, pendant qu'à Londres, l'accès à la file d'attente pour se recueillir devant le cercueil d'Elizabeth II était temporairement suspendu, l'attente dépassant 14 heures.
Cardiff était la dernière étape de sa tournée dans les quatre nations constitutives du Royaume-Uni (Angleterre, Ecosse, Irlande du Nord et Pays de Galles).
Accompagné par la reine consort Camilla, et accueilli par des coups de canon, il a assisté à un service religieux à Cardiff avant de prononcer un discours, partiellement en gallois, devant le Parlement, dans lequel il a renouvelé sa promesse de suivre "l'exemple" de sa mère.
Hasard du calendrier, le 16 septembre est aussi le jour où le Pays de Galles célèbre le "prince rebelle" Owain Glyndwr, dernier prince de Galles effectivement Gallois, qui en 1400 s'était soulevé contre le roi d'Angleterre.
Avant sa venue, une pétition protestant contre la transmission du titre de Prince de Galles - pour certains un symbole d'oppression anglaise - au nouvel héritier du trône William plutôt qu'à un Gallois a recueilli plus de 27.000 signatures.
Une poignée d'anti-monarchistes portant des pancartes avec "abolir la monarchie" ou "Démocratie maintenant", étaient réunis devant le château.
De retour à Londres, le roi devait y recevoir en fin de journée les responsables religieux du pays au palais de Buckingham.
Preuve de l'immense émotion suscitée par la mort de la reine Elizabeth II le 8 septembre, les autorités ont du suspendre vendredi l'accès à la longue file d'attente qui s'est formée pour voir le cercueil de la monarque à Westminster Hall, la plus ancienne salle du Parlement britannique.
Le gouvernement a prévenu que la distribution de bracelets permettant d'entrer voir le cercueil était "interrompue", ajoutant que le temps d'attente atteignait désormais 14 heures. La file d'attente serpente sur des kilomètres au centre de Londres.
Ceux qui auront la chance de parvenir dans l'édifice au bon moment espéraient assister en fin de journée à la "veillée des Princes", pendant laquelle les quatre enfants d'Elizabeth II - Charles, Anne, Andrew et Edward - viendront veiller le cercueil de leur mère.
Pour l'occasion, Andrew, privé de titres militaires, a été autorisé à porter l'uniforme.
Le public pourra défiler jusqu'au petit matin lundi devant le cercueil drapé de l'étendard royal et orné de la couronne impériale, avant les funérailles d'Etat à 10h00 GMT, les premières depuis celles de Winston Churchill en 1965.
- 2.000 invités -
Ensuite, une procession, à laquelle participeront des soignants du secteur public de santé, accompagnera le cercueil jusqu'à l'Abbaye de Westminster où se tiendront les funérailles.
Des millions de personnes devraient suivre l'évènement devant leur télévision. La journée sera fériée au Royaume-Uni.
Quelque 2.000 invités, dont plusieurs centaines de dirigeants du monde entier, de têtes couronnées, mais aussi d'anonymes décorés pour leur engagement associatif, assisteront à la cérémonie.
Joe Biden, Ursula von der Leyen, l'empereur du Japon, ou encore Emmanuel Macron sont attendus, tandis que le Vatican a fait savoir vendredi que le Pape ne se rendrait pas à Londres et serait représenté.
Les dirigeants de Russie, d'Afghanistan, de Birmanie, de Syrie et de Corée du Nord n'ont pas été conviés.
L'évènement représente un défi sécuritaire inédit pour le Royaume-Uni qui a déployé un dispositif impressionnant dans la capitale, avec de nombreux renforts venus de tout le pays.
"Ce sera le plus grand événement que la police londonienne" ait eu à encadrer, a déclaré vendredi le sous-commissaire adjoint Stuart Cundy.
Quelques heures plus tôt, l'agression de deux policiers, poignardés dans le centre de Londres, qui n'est pas considérée comme un acte terroriste par les autorités, a relevé d'un cran la tension. Leurs jours ne sont pas en danger.
- "indépendance" -
A Cardiff, le roi a été chaleureusement salué par plusieurs centaines de personnes massées le long de la route et devant le château.
"Nous voulons lui apporter notre soutien, être ici pour lui, lui adresser nos condoléances", raconte Vera Jackson, 39 ans, qui vit en Suisse avec son mari, Gallois, mais est actuellement en vacances au Pays de Galles.
De nombreux fans de la famille royale sont venus avec le drapeau gallois et son dragon rouge. Mais à quelques mètres de l'entrée du château, Zahra Ameri, 22 ans, qui travaille dans un magasin de thés, se dit déjà fatiguée par toute l'agitation autour de la venue du roi.
"J'espère que le Pays de Galles deviendra indépendant", dit-elle à l'AFP. "Je ne suis pas curieuse de voir ce qui va se passer dans le château.... (Le roi) est juste une personne, (il n'est) pas vraiment important pour moi".
De nombreux défis attendent celui qu'on décrit souvent, à 73 ans, comme un roi de transition précédant son fils, le populaire William, mais aussi comme un modernisateur soucieux de réduire la voilure de la monarchie.
Entre les velléités d'indépendance de l'Ecosse, les tensions communautaires en Irlande du Nord, la crise économique et sociale dans le pays, mais aussi les tentations républicaines émergeant dans certains de ses 14 autres royaumes, il aura fort à faire pour incarner l'unité de la nation.
Ses premiers pas de roi ont été plutôt jugés dignes, à l'exception de quelques gestes d'agacement publics très commentés sur internet, beaucoup attendant de voir comment il endossera le costume de sa mère, immensémment respectée, et comment il gèrera les crises familiales.
Son frère Andrew a été mis au ban de la royauté en raison d'un scandale sexuel et son fils Harry est exilé en Californie avec son épouse Meghan et prépare des mémoires potentiellement explosifs.
(G.Gruner--BBZ)