Wall Street ouvre en baisse, angoissée par les résultats de FedEx et la remontée des taux
La Bourse de New York a ouvert en baisse vendredi, au terme d'une semaine sombre pour les investisseurs, indisposés par les résultats de FedEx, qui alimentent les craintes de récession, et la remontée des taux obligataires.
Vers 14H15 GMT, le Dow Jones perdait 0,64%, l'indice Nasdaq abandonnait 1,32% et l'indice élargi S&P 500 reculait de 0,91%.
Les trois indices majeurs de Wall Street sont au plus bas depuis mi-juillet.
"Cela n'a pas été une bonne semaine pour le marché et cela va encore se compliquer", a prévenu Patrick O'Hare, de Briefing.com, dans une note.
Pour lui, le pessimisme des opérateurs a été nourri vendredi par le groupe de messagerie FedEx, qui a publié jeudi, après Bourse et façon anticipée, des résultats inférieurs aux attentes.
Le directeur général Raj Subramaniam a évoqué une détérioration de l'environnement macroéconomique en fin de trimestre comptable, achevé fin août, le ralentissement touchant à la fois l'Asie, l'Europe et les Etats-Unis.
Dans un entretien à la chaîne CNBC, le dirigeant a indiqué s'attendre à ce que l'économie mondiale traverse prochainement une récession. Compte tenu de l'incertitude sur la conjoncture, le groupe a retiré ses prévisions annuelles.
Le titre FedEx était massacré en début de séance (-21,69% à 160,44 dollars), tandis que celui de son grand rival, UPS, prenait aussi un éclat (-4,09%).
"Cet avertissement plombe tout le marché parce qu'il frappe au cœur des préoccupations qui ont fait fortement baisser les actions cette semaine", a expliqué Patrick O'Hare.
L'analyste faisait référence aux craintes de voir le resserrement monétaire brutal des banques centrales "pousser l'économie vers une récession", ce qui fait redouter aux investisseurs que les prévisions de résultats des entreprises ne soient actuellement trop optimistes.
Cette ombre incite les opérateurs à revoir les valorisations des actions, tout comme la forte remontée des taux, selon Nick Reece, de Merk Investments.
"Les taux réels", c'est-à-dire corrigés de l'inflation, "continuent à grimper", car les investisseurs s'attendent désormais à ce que la banque centrale américaine (Fed) soit plus agressive, et plus longtemps. "Cela met les valorisations sous pression", selon l'analyste, en particulier dans le secteur technologique.
Le rendement des obligations d'Etat américaines à 10 ans protégées contre l'inflation, dites TIPS, est ainsi monté vendredi à son plus haut niveau depuis près de quatre ans.
Quant aux taux à 2 ans américains, ils se sont encore rapprochés de 4% vendredi, à 3,92%, au plus haut depuis près de 15 ans.
Bâties sur un modèle de croissance accélérée, les entreprises technologiques sont très sensibles aux conditions de financement, qui se sont nettement durcies avec la hausse des taux de la Fed.
Plusieurs des navires amiraux de la tech sont descendus vendredi à leur plus bas niveau de l'année, comme Alphabet (-0,78%), Nvidia (-0,83%), Intel (-0,24%) ou Meta (-2,21%), qui n'avait plus connu ces niveaux de valorisation depuis le début de la pandémie de coronavirus.
A l'opposé, des valeurs dites défensives, c'est-à-dire moins sensibles à la conjoncture économique, tiraient leur épingle du jeu, notamment PepsiCo (+0,28%), McDonald's (+0,80%), Johnson and Johnson (+1,38%) ou Merck (+1,10%).
Uber reculait nettement (-4,60% à 31,60 dollars) après que le groupe a fait état d'un "incident de cybersécurité". Selon le New York Times, un pirate informatique de 18 ans se serait infiltré dans le réseau interne de la plateforme de réservation de véhicules et aurait eu notamment accès au code source et aux courriels.
General Electric était mal positionné (-3,98% à 66,17 dollars) après les déclarations de sa directrice financière, Carolina Dybeck, qui a indiqué que le conglomérat continuait à souffrir de problèmes d'approvisionnements et de chaîne logistique, ce qui pourrait limiter les bénéfices du groupe.
(L.Kaufmann--BBZ)