Grève des aiguilleurs: fortes perturbations attendues dans le ciel français
Au moins un millier de vols annulés, des retards et des appels à ne pas voyager : la journée de vendredi s'annonce très difficile pour les usagers du transport aérien français, affecté par une grève des aiguilleurs du ciel qui pourrait perturber le trafic européen.
À l'appel du Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA, majoritaire), ce nouveau mouvement pour réclamer des augmentations de salaires face à l'inflation, mais aussi une accélération des recrutements, concerne aussi bien la France métropolitaine que l'Outre-mer.
En conséquence, la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer à la moitié de leur programme de vols vendredi, soit "environ 1.000 vols annulés" au départ ou à l'arrivée du territoire français.
Malgré la mise en place d'un service minimum, "des annulations de vols et des retards significatifs sont à prévoir sur l'ensemble du territoire", a prévenu la DGAC. Elle a invité "les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à s'informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l'état de leur vol".
Cette grève pourrait avoir aussi des répercussions sur l'ensemble du trafic aérien européen. L'administration a indiqué travailler "avec le gestionnaire du réseau européen (Eurocontrol) afin de proposer aux compagnies aériennes des mesures de contournement de l'espace aérien national".
Le service minimum concernera notamment des aéroports et les cinq centres en route de la navigation aérienne (CRNA), qui contrôlent les aéronefs transitant par l'espace aérien français et volant à plus de 6.000 mètres d'altitude.
La compagnie Ryanair, premier transporteur aérien européen par nombre de mouvements d'avions, a affirmé que cette grève "injustifiée" allait la contraindre à "annuler 420 vols (soit 80.000 passagers) survolant principalement la France" vendredi, sans nécessairement s'y poser.
Le SNCTA a souligné avoir décidé de ce mouvement pour manifester son inquiétude "au sujet du niveau actuel de l'inflation ainsi que des recrutements à venir".
"Alors que le projet de loi de finances 2023, en cours d'élaboration, arrive devant le Parlement en octobre, l'absence de garanties de la DGAC et des pouvoirs publics est inacceptable", a ajouté le syndicat.
Ces professionnels s'alarment en particulier du départ à la retraite prévu d'un tiers des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) entre 2029 et 2035.
– 400 vols d'Air France annulés –
Or, "au moins cinq ans séparent le recrutement de la qualification" et les capacités de formation sont "structurellement limitées". Il faut donc, selon eux, anticiper ce "mur des départs" dès l'année prochaine, et budgéter des formations en ce sens.
Ce préavis a été maintenu après des "discussions de conciliation" en début de semaine, lors desquelles "aucune réponse (n'a été) apportée par la DGAC et les pouvoirs publics", selon le syndicat, qui parle de "provocation".
Le SNCTA a annoncé le dépôt "d'un deuxième préavis du mercredi 28 septembre au vendredi 30 septembre 2022 inclus".
Se conformant aux demandes de la DGAC, Air France a décidé d'annuler environ 400 de ses 800 vols prévus vendredi. Cela représentera 55% des court et moyen-courriers, tandis que les long-courriers seront moins touchés, avec un vol sur dix supprimé.
"Des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure", a précisé Air France, en soulignant que "les clients concernés par des vols annulés seront notifiés individuellement".
Air France, qui "recommande fortement à ses clients de reporter leur voyage", leur a permis d'anticiper ou de reporter leur déplacement "sans frais", et offert, "pour les clients dont le vol est annulé, un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus".
De multiples conflits sociaux ont éclaté ces dernières semaines dans le secteur aérien européen sur fond d'inflation record. Fin juin et début juillet, des centaines de vols avaient dû être annulés à l'aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle en raison d'une grève d'employés du gestionnaire, le Groupe ADP.
Mercredi, la compagnie a séparément annoncé qu'elle accorderait une hausse de salaires de 5% à tous ses employés, assortie d'une prime de 1.000 euros, en réponse à l'augmentation du coût de la vie.
(T.Renner--BBZ)