Wall Street en baisse, froissée par une volée d'indicateurs mitigés
La Bourse de New York évoluait en baisse jeudi, les investisseurs digérant une série d'indicateurs macroéconomiques mitigés et une nouvelle remontée des taux obligataires.
Vers 14H35 GMT, le Dow Jones cédait 0,02%, l'indice Nasdaq lâchait 0,60%, et l'indice élargi S&P 500 perdait 0,43%.
La séance s'annonçait volatile, a prévenu Peter Cardillo, de Spartan Capital, du fait de l'arrivée à échéance, vendredi, des options sur actions et indices, ainsi que des contrats dits futures sur indices, différents contrats à terme qui pèsent plusieurs milliards de dollars.
Cet événement, appelé journée "des trois sorcières", occasionne souvent un surcroît de volatilité à Wall Street.
Les trois marqueurs de référence de la Bourse de New York, Dow Jones, Nasdaq et S&P 500, ont ainsi ouvert dans le rouge, avant de repasser ostensiblement dans le vert, puis de s'essouffler et de tomber de nouveau en négatif, le tout en moins d'une heure.
Avant l'ouverture, Wall Street avait été prise sous un déluge d'indicateurs macroéconomiques, "un ensemble contrasté", selon Peter Cardillo.
Attendues stables, les ventes de détail sont ressorties en hausse de 0,3% en août, mais hors ventes de véhicules, elles ont accusé un recul de 0,3% sur un mois.
Quant aux nouvelles inscriptions hebdomadaires au chômage, elles ont enregistré un nouveau recul, le cinquième d'affilée.
Côté inflation, le sujet du moment, les prix à l'importation ont baissé de 1% sur un mois, moins que le 1,2% qu'anticipaient les économistes.
L'indice d'activité de la région de Philadelphie s'est contracté alors qu'il était attendu en expansion, tandis que le même indicateur pour la région de New York s'est lui moins replié que prévu.
Pour Bill Adams, de Comerica Bank, cette nouvelle volée de données "signifie que la Fed (la banque centrale américaine, ndlr) devrait remonter son taux de trois quarts de point la semaine prochaine", et non d'un point, comme il en était question récemment.
Le diagnostic est partagé par la plupart des opérateurs, Wall Street accordant à ce scénario une probabilité de 80%, selon le modèle de la Bourse CME.
"Le rythme de hausses de taux après septembre dépendra de la vitesse à laquelle le ralentissement économique se traduira par un marché du travail moins vigoureux", a ajouté Bill Adams, relevant que "jusqu'ici, le processus a été plutôt graduel".
Outre les indicateurs, la place new-yorkaise était soumise à deux facteurs jeudi, selon Peter Cardillo. D'une part, la remontée des taux obligataires. Le rendement des emprunts d'État américains à dix ans évoluait à 3,44%, contre 3,40% la veille.
Le taux à deux ans, plus sensible aux anticipations en matière de politique monétaire, s'est envolé jusqu'à 3,87%, pour la première fois depuis près de 15 ans (novembre 2007).
À la cote, Adobe était sanctionné (-13,00% à 323,23 dollars) après l'annonce du rachat, pour pour 20 milliards de dollars dont la moitié en actions, de la plateforme de design collaboratif Figma, qui était devenu l'un de ses concurrents majeurs.
Malmenées ces dernières jours, les compagnies de transport ferroviaire respiraient après l'annonce d'un accord avec les deux derniers syndicats qui n'avaient pas encore trouvé d'issue aux négociations collectives menées cette année.
La nouvelle intervient à quelques heures d'une date limite, fixée vendredi, au-delà de laquelle les syndicats de cheminots du fret menaçaient d'entamer une grève.
Canadian Rail (+0,56%) et Union Pacific (+1,88%) démarraient la séance en nette hausse.
Netflix poursuivait sa remontée (+4,14% à 233,39 dollars), après que le Wall Street Journal a indiqué que la plateforme comptait atteindre, d'ici au troisième trimestre 2023, 40 millions d'utilisateurs de sa formule d'abonnement avec publicité, dont le lancement est prévu début novembre.
Les plateformes d'échanges de cryptomonnaies Coinbase (+0,38%) et Robinhood (+4,78%) prenaient de la hauteur, alors que la blockchain Ethereum, plus important acteur après la technologie utilisée pour le bictoin, a annoncé avoir réussi sa migration vers un nouveau protocole technique, moins consommateur en énergie.
Handicapées depuis le début de la semaine par les mauvais chiffres de l'inflation et la perspective d'une possible récession, les banques se reprenaient, à l'instar de JPMorgan Chase (1,12%) et Goldman Sachs (+1,31%).
(T.Renner--BBZ)