La Bundesbank s'attend à de nouvelles hausses de taux "significatives"
Le président de la banque centrale allemande a préparé le terrain dimanche à de nouvelles hausses de taux d'intérêt "significatives" en zone euro face à l'envolée de l'inflation malgré le risque de récession qui se précise.
"L'étape franchie jeudi" par la Banque centrale européenne de relever son taux directeur de 0,75 point de pourcentage "a constitué un signal significatif", a déclaré Joachim Nagel.
"Et si la situation inflationniste demeure comme elle est, d'autres étapes significatives vont devoir être franchies", a-t-il prévenu.
"Nous avons des indications montrant que l'inflation se répand dans de nombreux domaines" de l’économie, a ajouté M. Nagel.
Il a estimé que le taux d'inflation en Allemagne pourrait atteindre un niveau "supérieur à 10%" sur un an au mois de décembre, période qui devrait à ses yeux constituer l'apogée de la poussée inflationniste actuelle.
La Bundesbank parlait jusqu'ici d'un taux de 10% dans les derniers mois de l'année et a ainsi encore un peu noirci son pronostic.
L'inflation devrait à ses yeux décélérer en 2023 mais M. Nagel a estimé qu'elle devrait rester "au-dessus de 6%" l'an prochain, soit un niveau "beaucoup trop élevé".
Dans ces conditions, une poursuite du resserrement du coût du crédit en zone euro est incontournable, a dit le patron de la banque centrale allemande, malgré l'impact négatif que cette politique risque d'avoir sur la croissance.
M. Nagel a jugé "possible" que l'Allemagne, première économie européenne, glisse dans la récession aux 3ème et 4ème trimestres de cette année, et y reste aussi jusqu'en début d'année prochaine.
"Il y a un certain nombre d'éléments" qui penchent en direction de ce scénario, a-t-il dit.
La Banque centrale européenne, dont la principale mission consiste à assurer la stabilité des prix, vise un taux d'inflation de 2%.
Rattrapée par une inflation record et persistante, elle a décidé jeudi d'une hausse de ses taux d'intérêt d'une ampleur inédite et sa présidente, Christine Lagarde, a averti que d'autres relèvements suivraient.
Le Conseil des gouverneurs de l'institution monétaire a décidé de relever ses taux directeurs de 75 points de base, une première en deux décennies d'existence - hormis un ajustement technique en 1999.
(F.Schuster--BBZ)